dimanche 6 juillet 2025

La princesse Fleur du Soleil

 



Dans un royaume où nichaient des cigognes et des sarcelles vivait une princesse nommée Fleur du Soleil en hommage aux tournesols qui tapissaient les sols.

Son palais en forme de rose était décoré de manière délicate. Les personnes habilitées à le fréquenter ne tarissaient pas d’éloges sur ce haut lieu de l’élégance.

Fleur du Soleil aimait lire, écrire, dessiner et peindre. Pour trouver des sujets dignes de ses crayons et de ses pinceaux, elle se rendait en bord de mer, admirant les créatures marines et les roses des sables.

Un jour, un voilier apparut à l’horizon. S’attendant à voir débarquer un prince de renom, cherchant l’amour et l’aventure, Fleur du Soleil rentra au palais et donna des ordres pour qu’une chambre d’ami soit prête et qu’un repas de fête soit réservé.

«  Je tiens à ce qu’il y ait deux huitres pochées et son complément d’algues fleuries enfermées dans un voile de betterave formant une rose et une crème de topinambours avec une composition d’ormeaux et une crème de topinambours. Vin aux fleurs et limonade au sirop de rose seront mis au frais » ordonna la princesse.

Cependant, le soir venu, elle dut constater que le voilier mouillait au large et qu’aucune délégation princière ne se manifestait.

Elle savoura donc le repas de fête en compagnie de ses dames d’atour et toutes se réjouirent d’avoir eu la chance de profiter d’un tel repas.

Le lendemain, un jeune pêcheur se présenta au palais. Il venait de l’île de Groix et apportait à la princesse un assortiment de produits émanant de son île, crêpes et galettes de sarrasin, gâteaux au beurre frais, fruits de mer conservés en salaison, pouces-pieds, huitres, langoustes, langoustines et homards bleus sans compter des coquillages que l’on pouvait accommoder de différentes façons.

Fleur du Soleil remercia le jeune homme pour ces présents dont on ferait mille merveilles en cuisine et elle offrit en retour un coffret contenant des perles et des bijoux de nacre.

Le pêcheur se confondit en révérences et partit en emportant son trésor.

Poussée par une inspiration subite, la princesse crayonna la silhouette du pêcheur puis elle se mit à peindre, dotant le personnage d’un habit de cour et d’attributs princiers.

Le tableau terminé, Fleur du Soleil connut une sorte d’éblouissement au vu de sa beauté et elle lui attribua  la place d’honneur dans la salle de réception de son palais.

Si ce jeune homme revient pensa-t-elle je l’élèverai au rang de princier qui lui convient et nous vivrons heureux en ce royaume.

Elle attendit le retour du voilier et de son principal occupant, en vain.

Les années passèrent et le goût des délicieux fruits de mer de l’île de Groix ne fut bientôt qu’un lointain souvenir.

Une impériale fleur de lotus

 

 


Lorsqu’elle parvint aux abords de la bambousaie, Brise d’été perçut un parfum et une musique ineffables.

S’attendant à sa venue, Xénia avait préparé une table garnie de gourmandises salées et sucrées et d’une théière en argent avec des verres filés or.

Les deux femmes prirent place et dégustèrent le repas d’amitié. Brise d’été offrit à son hôtesse une bague à l’effigie du royaume avec sa devise : «  Vaincs ou meurs ».

«  Voilà une belle devise digne d’un grand souverain »  dit la gardienne du lotus et elle frappa dans ses mains.

Le dragon déposa sur la table débarrassée de ses reliefs une fleur de lotus en nacre faisant office de boîte à musique. 

«  C’est mon offre dit la guerrière. Si elle vous convient, vous l’emportez mais si vous voulez vous emparer de notre fleur grandeur nature, vous serez obligée de nous combattre, le dragon et moi-même ».

Brise d’été prit le temps de la réflexion puis elle déclara que ce bibelot, aussi charmant fût-il, ne pourrait satisfaire leur souverain.

Elle se prépara donc au combat.

Un nuage pourpre embrasa la clairière, obligeant la jeune femme à user de son sabre à l’aveugle. Elle eut la chance d’atteindre le dragon en plein cœur. Il s’effondra à ses pieds, ses anneaux mourant un à un en rendant un son lugubre.

Xénia apparut, tenant la fleur de lotus dans ses mains passées au henné.

«  Je m’incline devant ta vaillance, Brise d’été ! Je renonce à te combattre et t’offre le lotus de la victoire ; tu pourras le remettre à ton souverain et je te donne également sa reproduction miniature. Conserve la à ton chevet et elle te portera bonheur ».

Sur ces mots, elle disparut.

Brise d’été, nantie du lotus sacré, le sien reposant dans une bourse contenant des objets personnels, rejoignit ses compagnons qui la félicitèrent chaudement.

Ossian donna le signal du retour.

On préserva le lotus qui rayonnait en lançant des flammes roses en le plaçant sous une cloche de cristal et en le confiant à Brise d’été.

Lorsqu’ils parvinrent à la hauteur du monastère, Tenshi fut dépêché pour les informer de leur victoire. Ange, féru en arts plastiques avait reproduit la fleur sur une feuille à dessin. Ce fut le cadeau destiné au monastère. Brise d’été avait préparé des crêpes lors d’un arrêt dans un domaine opulent où on les avait reçus chaleureusement.

Les compagnons, suivis à distance par Tenshi auréolé du bonheur donné aux moines, firent un retour triomphal à la cour du roi Akira.

Ce dernier plaça le lotus au milieu de la table ovale et décora Brise d’été de l’ordre du lotus, distinction créée pour la circonstance.

Le soir venu, le prince Séraphin dénoua les cheveux de sa dame d’amour et lui offrit sa tendresse en espérant que son épouse chérie lui donne une lignée digne de sa vaillance, de sa bravoure et de sa beauté.

«  Ma douce Brise d’été, ma victoire, mon chant d’amour perpétuel, je suis si heureux que mon cœur risque d’éclater » murmura-t-il à sa douce aimée qui s’endormit dans ses bras au son de la musique du lotus placé à leur chevet.

A la recherche du lotus sacré

 

 



Le prince Akira et ses cinq compagnons assistèrent avec émotion au départ de l’expédition chargée de rapporter le lotus sacré.

Le prince Séraphin à la sagesse exemplaire faisait partie du groupe resserré autour du souverain mais son épouse Brise d’été chevauchait parmi les guerriers aguerris au combat. Elle emportait dans ses bagages une statue du prince Siddhartha plus connu sous le nom de Bouddha pour s’emparer plus facilement du lotus si l’opération s’avérait difficile. Brise d’été était experte en arts martiaux et elle se faisait fort d’apporter son aide son aide aux guerriers s’ils se trouvaient en difficulté.

Ils chevauchèrent longtemps et à la tombée du soir, le chef de l’expédition, Ossian dont la qualité principale était la détermination, décida de frapper à la porte d’un monastère pour y passer la nuit.

Un repas frugal servi par les moines restaura les guerriers. Brise d’été proposa d’agrémenter la collation en cuisinant des crêpes. Chacun apprécia ce supplément et les moines se répandirent en bénédictions.

Le lendemain, après un déjeuner composé de lait, de pain cuit au feu de bois et de confitures réalisées au monastère, la petite troupe se remit en marche. Brise d’été reçut une amulette en remerciement de sa spécialité culinaire qu’ils tâcheraient de reproduire avec les bons œufs de leur poulailler.

Tenshi réputé pour son art oratoire réussit à obtenir quelques pistes conduisant au lotus de leur quête. Il apprit d’un vieux moine érudit qu’une légende rapportait qu’un éclat de lune s’était un jour détaché du satellite de la terre et avait donné naissance à un lotus merveilleux, différent de ceux qui poussaient dans les lagons.

«  J’ai entendu dire, ajouta le moine, que ce lotus particulier se trouvait dans un cercle de bambous en direction de l’orient ».

Tenshi remercia le moine, lui offrit une pierre de lune pour honorer le thème et promit de l’informer s’il venait à trouver la fleur sacrée.

«  Nous serons heureux de vous revoir et je l’avoue humblement, nous aimerions goûter à nouveau les délicieuses crêpes cuisinées par la jeune femme qui vous accompagne. Notre moine cuisinier tâchera d’en réaliser à l’identique mais je doute qu’il atteigne sa perfection ».

Sur ces propos gourmands, les deux hommes se séparèrent, se félicitant de la rencontre.

Les compagnons du lotus recherchèrent le cercle de bambous susceptible de contenir la fleur de leur quête.

Après une longue chevauchée entrecoupée de haltes pour ménager les chevaux et manger sur le pouce quelques vivres, bœuf en gelée, doughnuts aux pommes et eau des fontaines, ils aperçurent un rideau de bambous où nichaient des merles et des pies.

Léandre, réputé pour son adresse et sa vivacité, chaussa des mocassins et partit à pied vers les bambous, son arc à portée de main.

Lorsqu’il revint, sans la fleur, il donna cours à un récit : il avait vu la fleur miraculeuse mais il n’avait pas pu s’en approcher car elle était gardée par une femme, guerrière farouche, un dragon menaçant à ses côtés.

La guerrière déclara qu’elle souhaitait s’entretenir avec une femme :

«  Je suis la gardienne du lotus, on me nomme Xénia et je gagne tous mes combats. Je sais que votre souverain rêve de notre fleur sacrée ; je suis prête à transiger si votre envoyée accepte ma proposition ».

Brise d’été partit, le cœur léger, vers son destin.