Le choix de chevaliers opéré par Merlin s’avéra de bon augure.
« Le bon temps de la Table Ronde est de retour » s’exclama Lancelot et il eut à cœur d’être à nouveau les champions du Roi Arthur.
Mahaut haussa d’un cran les entraînements quotidiens.
« Mesdames, soyons dignes de la vaillance de ces preux » disait-elle à l’envi.
Sangliers rôtis, hures de porc noir aux pistaches et salade potagère du jour, gâteau cuit à la broche et crèmes à la fleur d’oranger satisfirent l’appétit de ces hommes de guerre tandis que des pichets de cervoise et de vin clairet circulaient à la ronde.
Quand tout fut mis au point, la souricière se mit en place.
Les chevaliers dissimulèrent leur cotte de maille sous de riches houppelandes annonçant leur état de marchands.
Des mules chargées de coffres contenant des soieries, des bijoux et de la vaisselle d’or complétaient la délégation pseudo-commerciale.
Les guerrières et Lancelot, en nombre dispersé, se dissimulaient dans les taillis et les sous-bois , prêts à prendre part au combat au moment opportun.
« La belle aubaine, dit Méléagant, roi des bandits. L’opulence est au rendez-vous et par mon sabre, ces richesses seront à nous » et il donna le signal du combat.
Lorsqu’ils furent à portée d’épée, les chevaliers jetèrent leurs manteaux dans les pas des chevaux des bandits, provoquant un certain désordre. Ils apparurent en cotte de maille, l’épée au poing et ils livrèrent les premiers assauts contre les malfrats jetés à terre par leur monture. Les combats étaient rudes. Se sentant en état d’infériorité, Méléagant donna le signal du repli, renonçant aux richesses convoitées.
Il tenta d’établir la cohésion de son groupe mais à cet instant , Lancelot et les guerrières fondirent sur les vaincus en poussant des cris sauvages.
Quatre chevaliers formés par Merlin ramenèrent les mules chargées de présents au château et les huit autres se mêlèrent au combat.
Défait, Méléagant fut chargé de chaînes et mis à la disposition de la justice tandis que ses subordonnés seraient jetés dans les oubliettes du château jusqu’à leur amendement et leur reconversion.
Le chapelain attaché à l’abbaye proche du château serait à la manœuvre pour procéder au retour à la raison de ces âmes égarées.
Heureuse de voir son fief délivré du chancre du banditisme, Mahaut ordonna que l’on fête cette victoire avec faste.
Pâtés de chevreuil en croûte, saumons farcis à l’oseille et à l’aneth servis avec des saucières de beurre blanc, gigots d’agneau laqués au miel et caramélisés, accompagnés de fèves et de jardinières de légumes, brie à la compotée de rhubarbe, mimolette et préfou vendéen, Roquefort aux noix avec sa salade de jeunes pousses, Pyramides de choux à la crème, coupes de fruits au sirop figurèrent en première ligne au menu. Un tonnelet de jurançon et des bouteilles de vin de Bordeaux furent mis à la disposition des amateurs de boissons fortes ; de la limonade à la rose appréciée par les dames circulèrent à la ronde.
Quelques idylles se nouèrent ce soir-là sous le regard attendri de Lancelot qui déplorait l’absence de Guenièvre.
Le lendemain, les chevaliers prirent le chemin du retour chargés de présents certes bien mérités.
Certains d’entre eux promirent de revenir épouser leur dame d’amour dès qu’ils auraient établi un fief capable d’accueillir une suzeraine sous la bannière d’un lieu sécurisé avec la création d’un jardin d’amour à l’orientale comprenant une fontaine, une roseraie, une volière et un patio idéal à la rêverie, la lecture et les travaux de broderie voire l’écriture de poèmes.
Fidèle à ses habitudes, Lancelot disparut, laissant sa chevalière en évidence avec un parchemin destiné à la maîtresse du château : « Dame Mahaut, j’ai été heureux de vous servir. Je vous fais don de ma chevalière en gage d’amitié ! Remettez-la à celui qui méritera votre amour ».
Très émue, Mahaut demeura pensive et se promit de chercher le souverain de son âme.
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