L’épreuve du Bac Blanc terminée, les amis de Watteau éprouvèrent le besoin de trouver un nouveau souffle.
La solution miracle s’avéra être la venue au lycée de Ginette Kolinka, rescapée du camp de concentration et d’extermination d’ Auschwitz-Birkenau.
Cette femme énergique, au parler franc, avait à cœur de témoigner de l’absurdité et des atrocités de guerres menées au nom d’une idéologie meurtrière et totale.
Mamie se félicita de l’engouement qui s’ensuivit après la conférence-dialogue d’un témoin si attachant.
« Tout ce que je pourrai dire sera vain car je ne porte pas sur ma chair les errements d’une période tragique. Comme tous les déportés, Ginette porte toujours le numéro qui avait rayé son identité jugée ignoble tatoué sur le bras. Simone Veil, rescapée du même camp, portait toujours des hauts à manches longues pour ne pas révéler la marque d’infamie. Un jour, un coup de vent dévoila son bras et un collègue lui dit avec désinvolture : Vous craignez d’oublier le numéro de votre casier ? Innocente ou volontaire, cette remarque blessa la grande dame qui préféra garder le silence.
N'oublions pas les erreurs commises et veillons ardemment à ce qu’elles ne se renouvellent pas » !
Ce prologue achevé, Mamie Marguerite se concentra pour aborder un thème et tout naturellement, elle proposa une réflexion autour du mot guerre.
« Chers lycéens, avant de développer un propos, je vous suggère de relire les pages édifiantes de Voltaire, l’article Guerre de son Dictionnaire Philosophique et son conte philosophique Candide.
Dans ce conte, il y a une présentation édifiante de ce fléau : deux armées dites ennemies s’apprêtent à s’affronter et avant que le signal du combat ne soit donné, des prêtres invoquent le nom de Dieu et font retentir un Te Deum martial sans relever le moins du monde que la divinité ne se partage pas et qu’elle ne peut pas être d’un côté et de l’autre, à l’opposé, en même temps.
Grâce à cet exemple, on voit que la raison est bannie de tout justificatif logique de cette trouée humaine.
Aujourd’hui, les tambours de guerre retentissent tandis que de beaux esprits qui ont passé l’âge de guerroyer galvanisent les populations en se référant à Dieu, à la justice immanente en s’appuyant sur des adages romains tels que Si tu veux la paix, prépare la guerre ou encore en rappelant une triste évidence : la guerre est meurtrière et il faut se préparer au deuil de ses enfants.
Tout le monde oublie que la guerre ne fait pas partie de la panoplie ordinaire du genre humain, le jardin restant la symbolique qui le rattache à Dieu ».
Mamie ferma les yeux et Poucette mit un terme à l’enregistrement, remettant à plus tard la poursuite d’un thème cruel et inflexible.


