dimanche 12 octobre 2025

Pose sous la charmille

 

 



Fervent admirateur du philosophe-poète-musicien Jean-Jacques Rousseau, Gabin avait commandé une charmille chère à l’écrivain. Il fit installer le chevalet et la toile au cœur de la charmille pour que Charlize le peigne dans ce décor rousseauiste.

Charlize commença par le fond vieil or orné de tourterelles, de cosmos rouges et d’un exemplaire de La Nouvelle Héloïse, remarquable roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau.

Elle esquissa la silhouette de Gabin qu’elle nimba d’un halo turquoise à la mode médiévale.

Cette belle ébauche achevée, Gabin fit mettre la toile une fois sèche dans une pièce du château. Les amis prirent un peu de repos avant de passer à table.

Le cuisinier s’était une fois de plus surpassé en exploitant un retour de pêche fructueux.

Plateau de fruits de mer, raie au beurre noir et aumônière de légumes ravirent les convives.

Des crêpes et le cake d’amour de Peau d’Ane leur offrirent un moment précieux.

Ils se reposèrent ensuite et se retrouvèrent à l’heure du thé pour deviser tout en buvant une composition florale à la rose.

Charlize fit quelques esquisses du beau visage de Gabin et la journée  de travail se termina ainsi.

Le soir, ils mangèrent un excellent bouillon à base de poissons et du pain perdu à la confiture de cerises.

Ils se quittèrent, se couchant tôt pour être en forme le lendemain afin d’avancer dans la peinture du portrait en charmille.

samedi 11 octobre 2025

Le chant des tourterelles

 


Assis sur la balancelle de la roseraie, Gabin et Charlize écoutèrent le chant des tourterelles dont les plumes volaient au vent en formant un éventail gris et rose.

«  Je demanderai à mes serviteurs de collecter ces jolies plumes et je commanderai au plumassier du château des chapeaux et des accessoires pour les mettre en valeur et servir d’écrin à votre beauté ».

Charlize le remercia pour sa délicate attention et lui promit un portrait de sa personne car elle s’était spécialisée dans l’art du portrait après des années d’études aux Beaux-Arts.

«  Vous serez ma Berthe Morisot » dit le châtelain avec une infinie douceur.

Bercés par le chant des tourterelles, ils avaient l’impression de planer dans un univers féerique où la beauté, vertu grecque, était impérieuse.

Ils rentrèrent au château et firent honneur au repas préparé par le chef cuisinier. Une pastilla aux pigeons et aux amandes poudrée de sucre glace ravirent tous les convives. Tartes aux pommes et aux coings accompagnées de crème glacée conclurent le repas tandis que des aiguières et des pichets de boissons variées, cervoise, cidre, vins et eau pétillante circulaient à la ronde.

Un quatuor de musiciens et des chanteurs lyriques interprétèrent des airs pleins de charme et de douceur. Puis vinrent des danseurs et lorsque la prestation artistique fut achevée, Gabin et Charlize se retirèrent dans leurs appartements en se donnant rendez-vous au lendemain pour les premières séances de pose du maître des lieux.

 

La calèche des amours

 


En se promenant sur les boulevards de sa capitale, Charlize croisa le regard perçant d’un Apache de l’ère moderne. Quelque peu effrayée en dépit de sa bravoure naturelle, elle laissa tomber par mégarde l’un de ses gants en dentelle. Un jeune homme le lui rendit et l’invita à prendre place dans sa calèche. Charmée, Charlize répondit à l’invitation et prit place auprès de Gabin, son sauveur du soir.

Le cocher les conduisit dans un parc où se dressait un château en briques rouges étincelant au soleil couchant.

Gabin aida la jeune femme à descendre de la calèche et ils franchirent le perron ensemble, main dans la main.

Une femme de chambre conduisit Charlize dans sa suite décorée à la mode de la Belle Epoque, l’aida à se détendre, prendre un bain et déguster un en-cas de bonne facture.

Après avoir lu quelques pages d’ Alfred de Musset, Charlize se vêtit d’une chemise de nuit victorienne et se glissa sous l’édredon d’une alcôve fleurdelisée.

Le lendemain, la jeune fille s’éveilla avec l’entrée d’Adeline portant un plateau d’où s’échappaient les parfums d’un petit-déjeuner complet.

Adeline aida ensuite Charlize à faire une toilette soignée et lui présenta un assortiment de jolies robes aux tons variés. Charlize choisit un ensemble rose feu et fit crisser ses jupons en linon.

De jolies bottines à lacets complétèrent sa toilette. Munie d’un réticule en soie bois de rose, elle rejoignit Gabin qui l’attendait, vêtu d’un costume en velours jade rehaussé par des bottes en cuir naturel.

Gabin offrit son bras à son invitée après l’avoir enveloppée dans une cape en laine Mohair et tous deux se promenèrent dans les jardins qui leur présentaient une page d’amour inscrite dans les feuilles d’automne et ses fruits charnus.