Un camélia d’amour tournoie dans
notre cœur, tourbillonnant dans les vents parfumés de la mémoire.
Il devient gigantesque et prend
la mer en se dotant d’une voile double, rose et pourpre, à la manière des
toiles légendaires qui nous mènent au large, entourées par les colonnes de
l’espoir.
Un camélia devint princesse et
retint l’attention d’une cour assidue, les princes se tenant à l’épinette ou à
la mandoline, comme le Pierrot de nos livres de lecture.
Bercée par des mélodies composées
en forme d’hymnes à l’amour, la princesse Camélia se blottit dans un palais de
nacre dont toutes les fenêtres ouvraient sur des jardins projetant la beauté du
monde sous toutes ses formes.
Camélias, clématites, glycines,
chèvrefeuilles, roseraies, orangeraies et citronniers sans oublier l’incroyable
Main de Bouddha, procuraient l’immense plaisir réservé jadis aux dieux.
La princesse Camélia composa une
symphonie, écrivit un recueil de poèmes dont le fil d’or était la recherche
d’un amour inconnu, illustré par les thèmes des contes et des écrits religieux,
chanta un aria d’une telle magnificence que l’on vit arriver dans les jardins
des paons à la traîne azurée, des oiseaux du Paradis et des cygnes voguant sur
les étangs.
Des palombes traversèrent le
ciel, heureuses d’échapper aux tirs meurtriers des chasseurs interdits dans le
royaume et l’on vit passer dans les vignes séculaires, des chevreuils et des
aigrettes couronnées de blanc.
Un voile de mariée recouvrit le
palais de nacre et la princesse Camélia s’endormit pour cent ans, avec l’espoir
d’être réveillée par le prince de l’amour, un jour, se perdant dans le dédale
des jardins impénétrables, les oliviers formant le berceau inédit des
descendants d’Ulysse partis conquérir les pommes d’or du désir avant de rentrer
chez eux pour serrer dans leurs bras vigoureux la fidèle épouse, Pénélope au
voile de mariée, sans cesse sur le métier pour décourager les prétendants.
Ulysse l’emmènera dans le lit
conjugal conçu sous le sceau du secret pour abriter les amours légendaires qui
forment le va-et-vient de chaque rive de notre mer sacrée, la
Méditerranée !