jeudi 9 octobre 2025

La mélodie du vent

 



Ma sœur, mon rêve, ma douce-aimée, entends-tu la romance du vent ?

Il te demande de renoncer aux tons gris et de te vêtir d’un rose ardent pour renaître au jour.

Las, ma mie, mon amie de cœur, telle la rose du petit prince déracinée et jetée aux quatre vents, j’erre comme une âme en peine et il m’est difficile de vivre dans un univers où mon époux, fauché par l’ Ankou, n’est plus à mes côtés pour m’aider à affronter les tourbillons du temps.

Résiste aux vents mauvais, pour lui car il n’aimerait pas te voir ainsi recroquevillée dans ta robe couleur de misère. Ouvre les fenêtres et laisse le vent t’envelopper de sa douce mélopée !

Le vent se tut et l’amante éperdue retrouva l’amour de vivre l’espace d’un instant !

Le lai de la rose éternelle

 

 

Sous l’emprise d’une passion dévorante, des amants vivaient reclus dans une forêt que l’on croyait habitée par des animaux sauvages. Ils se nourrissaient de baies, de champignons et de gibier pris au collet et rôtis au feu de bois. Leurs étreintes étaient folles et leurs lèvres ne se quittaient plus.

Mais une nuit, ce bel amour fou s’en alla comme il était venu. L’amante regarda ses mains ravagées par le gel du soir, déplora que son corps soit strié de rides prématurées et elle partit sans un mot, sans se retourner.

Le confort de la ville lui faisait soudain défaut et elle croyait avoir été victime d’un songe ravageur car de son bel amour, si vivace, il ne restait plus rien, si ce n’est une chanson dont le mot clef était « rose éternelle ».

Demeuré seul, l’amant tenta de se défaire du parfum corporel de celle qu’il avant tant aimée, nagea vigoureusement dans une rivière argentée jusqu’à ce que des ondines l’emmènent au fond de l’eau où il trouva une sorte de paix et de semi sérénité car les ondines étaient fées et elles voulurent panser les plaies de celui qui avait tant aimé jusqu’à la folie, sa douce, sa tendre amie.

Le vent colporta cette légende et parfois des jeunes filles esseulées, à la recherche du bel et fol amour, ornent leur chevelure de roses minuscules pour se baigner dans la rivière où l’on dit que vit un amant éperdu.

mercredi 8 octobre 2025

Panique dans le monde féerique

 




« Cette fois, c’est décidé dit la fée Lilas toujours à la pointe de l’action, je dépose ma baguette magique, ce monde est décidément ingouvernable » !

Toutes les fées, à la ronde, pleurèrent des larmes de cristal, les lutins se cachèrent dans la forêt de Brocéliande en espérant qu’un incendiaire irresponsable n’y mette pas encore le feu et le Roi Arthur lui-même renonça définitivement à porter secours à son royaume en lui apportant le Saint Graal.

Alors une toute petite fée, en robe d’organdi, escortée par le lapin blanc d’ Alice au pays des Merveilles s’écria de sa voix enfantine qu’il restait encore un espoir.

«  Lequel » ? dirent ses ainées en un chœur admirable .

«  Il nous reste la voix des disparus, de ceux qui peinent dans les champs ou dans les ateliers, des brodeuses, des forgerons et des pâtissiers, il nous reste en somme l’espérance d’un peuple qui ne veut pas mourir » !

La fée Lilas approuva ces paroles et reprit sa baguette, suivie par le cortège des fées défaitistes l’espace d’un instant.

La petite fée Eglantine, porteuse d’espérance, fut promue au rang de Fée du Jour et l’ordre revint dans un royaume si proche de la dérobade et de la chute qu’on en tremble encore du bout des ailes.