Des ibis se sont envolés pour dénicher un nid d’amour et ils
l’ont trouvé, à mille lieues de leur refuge habituel, les Landes d’ Aquitaine.
Un berceau de jasmins et de roses s’offrit à leurs regards et
ils s’y installèrent commodément pour vivre un amour sans nuages.
Hélas un oiseleur était dans les parages et il les cueillit à
l’épuisette pour les vendre au marché.
Espérons qu’on ne nous achète pas pour enrichir un plat :
mange-t-on des ibis ? Je ne le crois pas mais parfois les gourmets ont des
idées étranges dit le malheureux fiancé.
Un acheteur emporta le couple dans une jolie cage dorée et
déposa ce présent singulier à l’entrée d’un palais.
C’est pour un remake d’Ali Baba et les 40 voleurs dit l’ibis
mâle féru de cinématographie et de littérature ?
Une jolie princesse au caftan orné d’oiseaux stylisés et de
fleurs leur souhaita la bienvenue et accrocha la cage à proximité d’une fenêtre
d’où l’on découvrait la foule multicolore pressée de réaliser des achats de
fête.
« Qu’est ce qui vous ferait plaisir, oiseaux de mes
rêves dit la princesse ?
Que vous nous libériez osa répondre l’oiseau frustré de ses
ébats amoureux ! L’amour en cage, c’est joli pour une fleur mais pour
nous, oiseaux des grands espaces, c’est impossible !
Eh bien, soit répondit la princesse » et elle ouvrit
grand la fenêtre et la cage.
Notre couple s’envola et retourna sur les rives de l’étang qu’ils
avaient quittées sottement.
Ces roseaux feront l’affaire, ma mie et le couple connut les
amours éphémères décuplées par les affres de la capture.
De beaux ibis aux plumes cendrées avec des points d’or
naquirent à l’issue de leurs ébats.
Un jour, la princesse eut la surprise de recevoir la visite d’oiseaux
portant ses couleurs et elle sut que c’était un cadeau du couple qu’elle avait
libéré.
Elle s’en réjouit et donna l’ordre de les laisser voler dans
le palais à leur guise, en hôtes d’honneur.