CONTES et NOUVELLES
Je suis née dans le Nord de la France et j’y ai passé toute mon enfance, rêvant à des ailleurs bleus. Lectrice assidue, j’ai marqué une préférence pour la féerie, ce qui affleure dans tous mes ouvrages. Enfin libre, je trouve le temps d’écrire, puisant dans le quotidien et l’univers légendaire mes sources principales d’inspiration.
jeudi 18 décembre 2025
Retour au pays
mercredi 17 décembre 2025
Vol nuptial
Des ibis se sont envolés pour dénicher un nid d’amour et ils l’ont trouvé, à mille lieues de leur refuge habituel, les Landes d’ Aquitaine.
Un berceau de jasmins et de roses s’offrit à leurs regards et ils s’y installèrent commodément pour vivre un amour sans nuages.
Hélas un oiseleur était dans les parages et il les cueillit à l’épuisette pour les vendre au marché.
Espérons qu’on ne nous achète pas pour enrichir un plat : mange-t-on des ibis ? Je ne le crois pas mais parfois les gourmets ont des idées étranges dit le malheureux fiancé.
Un acheteur emporta le couple dans une jolie cage dorée et déposa ce présent singulier à l’entrée d’un palais.
C’est pour un remake d’Ali Baba et les 40 voleurs dit l’ibis mâle féru de cinématographie et de littérature ?
Une jolie princesse au caftan orné d’oiseaux stylisés et de fleurs leur souhaita la bienvenue et accrocha la cage à proximité d’une fenêtre d’où l’on découvrait la foule multicolore pressée de réaliser des achats de fête.
« Qu’est ce qui vous ferait plaisir, oiseaux de mes rêves dit la princesse ?
Que vous nous libériez osa répondre l’oiseau frustré de ses ébats amoureux ! L’amour en cage, c’est joli pour une fleur mais pour nous, oiseaux des grands espaces, c’est impossible !
Eh bien, soit répondit la princesse » et elle ouvrit grand la fenêtre et la cage.
Notre couple s’envola et retourna sur les rives de l’étang qu’ils avaient quittées sottement.
Ces roseaux feront l’affaire, ma mie et le couple connut les amours éphémères décuplées par les affres de la capture.
De beaux ibis aux plumes cendrées avec des points d’or naquirent à l’issue de leurs ébats.
Un jour, la princesse eut la surprise de recevoir la visite d’oiseaux portant ses couleurs et elle sut que c’était un cadeau du couple qu’elle avait libéré.
Elle s’en réjouit et donna l’ordre de les laisser voler dans le palais à leur guise, en hôtes d’honneur.
La table ronde des temps nouveaux
Le temps des révélations
mardi 16 décembre 2025
La ducasse des enfants
lundi 15 décembre 2025
Aymeric le roi de la chasse
On dit qu’une laie veilla sur le berceau d’Aymeric, la nourrice ayant déserté son poste tandis que le seigneur et sa dame festoyaient à la cour.
On ne refuse pas une invitation royale et la duchesse Alix se résigna à quitter son premier né.
« Nounou Faustine veillera sur lui nuit et jour dit son époux Aubin et vous le retrouverez grandi et heureux de se lover sur votre belle poitrine, ma mie ».
Or ce que le duc ignorait c’est que Faustine avait succombé aux charmes d’un félon qui voulut profiter de l’aubaine en s’emparant de l’héritier.
Il versa un narcotique dans le hanap de vin chaud qu’il offrit à la nourrice en conclusion d’une cour habilement menée.
Cependant, lorsqu’il voulut s’emparer du bébé, il recula face à l’hostilité manifeste d’une laie au regard fauve impitoyable.
De retour en son manoir, il fomenta un complot destiné à destituer son suzerain.
Une fois dégrisée, la nounou dépêcha un courrier à la cour pour dénoncer la tentative de rapt. Elle ne quitta plus la chambre du nourrisson, se faisant porter ses repas.
La laie avait mystérieusement disparu et personne ne put dire ce qui s’était réellement passé. On releva des empreintes de sanglier près du berceau, ce qui parut pour le moins étonnant.
De retour au château, le duc et la duchesse redoublèrent de vigilance.
La duchesse décida d’allaiter son bel enfant. On renvoya la nourrice en la dotant d’un beau pécule.
Alix recruta une dame d’atour pour la seconder dans les tâches quotidiennes. Isabeau avait fière allure avec son hennin aux longs voiles brodés et plus d’un gentilhomme demanda sa main ; ils furent tous éconduits avec le sourire et un unique motif : elle se voulait à sa tâche jour et nuit et pour ce faire, elle devait rester célibataire.
On relevait parfois des empreintes des empreintes de sanglier sous les fenêtres d’Aymeric et une légende se forgea selon laquelle l’enfant avait été choisi par une horde pour être leur prince.
« Ce sera certainement un grand chasseur de sangliers dit son père. Il a été reconnu pour être l’élu et il aura la force et le courage de ces animaux qui ne reculent devant aucun obstacle ».
Le temps passa. Aymeric devint un beau jeune homme et chassa le cerf.
Curieusement, il évitait les sangliers comme s’il savait qu’une mère nourricière avait remplacé la dame préposée à son allaitement.
Cependant, un jour, il se trouva face à face avec une énorme laie qu’il se crut obligé de tuer, son écuyer l’y incitant fortement.
Au moment où il décocha sa flèche, la laie se fendit dans un nuage, faisant pleuvoir une portée de marcassins.
Fortement ému, Aymeric ordonna à ses piqueurs de s’emparer des marcassins et de les ramener au château.
Certain de la véracité de la légende répandue dans le fief à son sujet, Aymeric rentra chez lui et fit savoir à la ronde que le futur seigneur ne tuerait jamais un sanglier, vu que dans son enfance une laie l’avait nourri comme la louve de Rémus et Romulus.
On déclara l’animal sacré et il vécut en sécurité dans le fief seigneurial.
Aymeric apposa une laie sur son blason et sa devise fut D’azur, au sanglier d’or, surmonté de trois roses d’argent.





