vendredi 26 décembre 2025

Ultime lettre à l' Aimé

 

 

 


«  Vole, oiseau de mon cœur, porte cette lettre à l’encre sympathique vers l’aimé ! Tu le reconnaîtras à son regard émeraude, à sa démarche altière et à ses mains griffées par les ronces qu’il a débroussaillées à la faucille.

Va, dis-lui que je l’aime et que mon âme se téléporte dans cette terre de granit où nous nous sommes aimés ».

L’amante se releva, porta la main à son cœur brisé et se promena, en pensée, dans le Val-sans-Retour où elle avait tant cherché les témoins de la Table Ronde, la légende qui l’aidait à développer son voile poétique.

Portant tour à tour le masque de Guenièvre, de Viviane, de Morgane et de toutes ces dames honorées dans les tournois, elle marcha d’un pas décidé vers le Tombeau de Merlin et se recueillit devant le tumulus et attendit que l’aimé la rejoigne sous le berceau de houx fleuri, autour du tapis de bruyère chéri par Victor Hugo.

La fée Mimosa

 


Elle est entrée dans ma vie, sans crier gare, avec ses petites sphères en or dont elle a parsemé le tapis persan de ma chambre.

J’ai tout de suite composé des bouquets et je suis restée contemplative devant tant de beauté.

Puis la fée s’est mise au piano et elle a joué Princesse Csardas avec tant de brio que j’en suis demeurée toute étourdie.

De petites fées sont venues ensuite pour nous servir des rafraîchissements et de jolis plats où dominait la couleur jaune ont jeté une note solaire, offrant à ces jours d’hiver un nuage duveteux comme les poussins.

Des vers de Francis Ponge me sont revenus à la mémoire « le gui la glu sorte de mimosa nordique » et j’ai réalisé cette alliance du symbole celtique et de la fleur du midi qui orne les corsos de Provence.

Après m’avoir offert tous ces cadeaux, la fée Mimosa s’en est allée, à petits pas, projetant sur le sol glacé les larmes du soleil.

Friselis du coeur

 

 



«  Alors comme çà, tu vibres encore, vieux cœur brisé en mille endroits, palpitant au vent qui pousse les oiseaux à chanter en guise de défense » ?

Une voix musicale rythmée par les grelots d’angelots aux ailes diaphanes, causa un vif émoi à la reine agenouillée sur son Prie-Dieu.

Le cœur brûlant d’amour du Seigneur dont elle porte le nom, la reine reprend sa marche vers l’avant en s’appuyant sur sa canne à pommeau d’argent, marque du soir proposée par le Sphinx en énigme.

La reine se promena dans sa roseraie fanée par le général Hiver de Koutouzov, vainqueur de Napoléon et se soumit à son destin.