dimanche 16 novembre 2025

Les violons de l'amour

 

 


Passant par-dessus les moulins des cœurs brisés, les violons de l’amour ont fait entendre leurs accents symphoniques, déployant les valses et les mazurkas, nous projetant sur les bords d’une rivière qui s’écoule sur les galets polis par les ans.

Un poète qui passait par là s’empara de ces galets et en fit une sculpture, retrouvant les gestes précis des Incas qui créèrent des forteresses et des pyramides sacrées, vouées aux dieux.

Ces sculptures des temps nouveaux jalonnent le bord des rivières et sont ornées de roses florales et de bijoux en bois des îles.

Roses sculptées, je vous aimerais marchant sur la grève des océans qui meurent chez nous, panachées de l’écume qui vit surgir Vénus !

Les moulins de la tendresse ont offert aux meuniers de la belle farine qui servira à faire des pains d’amour que l’on servira aux amants en mal d’amour.

Alors les violonistes s’empareront de leur archet et feront retentir la céleste musique des anges.

Un camélia d'amour

 

 


Un camélia d’amour tournoie dans notre cœur, tourbillonnant dans les vents parfumés de la mémoire.

Il devient gigantesque et prend la mer en se dotant d’une voile double, rose et pourpre, à la manière des toiles légendaires qui nous mènent au large, entourées par les colonnes de l’espoir.

Un camélia devint princesse et retint l’attention d’une cour assidue, les princes se tenant à l’épinette ou à la mandoline, comme le Pierrot de nos livres de lecture.

Bercée par des mélodies composées en forme d’hymnes à l’amour, la princesse Camélia se blottit dans un palais de nacre dont toutes les fenêtres ouvraient sur des jardins projetant la beauté du monde sous toutes ses formes.

Camélias, clématites, glycines, chèvrefeuilles, roseraies, orangeraies et citronniers sans oublier l’incroyable Main de Bouddha, procuraient l’immense plaisir réservé jadis aux dieux.

La princesse Camélia composa une symphonie, écrivit un recueil de poèmes dont le fil d’or était la recherche d’un amour inconnu, illustré par les thèmes des contes et des écrits religieux, chanta un aria d’une telle magnificence que l’on vit arriver dans les jardins des paons à la traîne azurée, des oiseaux du Paradis et des cygnes voguant sur les étangs.

Des palombes traversèrent le ciel, heureuses d’échapper aux tirs meurtriers des chasseurs interdits dans le royaume et l’on vit passer dans les vignes séculaires, des chevreuils et des aigrettes couronnées de blanc.

Un voile de mariée recouvrit le palais de nacre et la princesse Camélia s’endormit pour cent ans, avec l’espoir d’être réveillée par le prince de l’amour, un jour, se perdant dans le dédale des jardins impénétrables, les oliviers formant le berceau inédit des descendants d’Ulysse partis conquérir les pommes d’or du désir avant de rentrer chez eux pour serrer dans leurs bras vigoureux la fidèle épouse, Pénélope au voile de mariée, sans cesse sur le métier pour décourager les prétendants.

Ulysse l’emmènera dans le lit conjugal conçu sous le sceau du secret pour abriter les amours légendaires qui forment le va-et-vient de chaque rive de notre mer sacrée, la Méditerranée !

Le lai de la rose éternelle

 

 

Sous l’emprise d’une passion dévorante, des amants vivaient reclus dans une forêt que l’on croyait habitée par des animaux sauvages. Ils se nourrissaient de baies, de champignons et de gibier pris au collet et rôtis au feu de bois. Leurs étreintes étaient folles et leurs lèvres ne se quittaient plus.

Mais une nuit, ce bel amour fou s’en alla comme il était venu. L’amante regarda ses mains ravagées par le gel du soir, déplora que son corps soit strié de rides prématurées et elle partit sans un mot, sans se retourner.

Le confort de la ville lui faisait soudain défaut et elle croyait avoir été victime d’un songe ravageur car de son bel amour, si vivace, il ne restait plus rien, si ce n’est une chanson dont le mot clef était « rose éternelle ».

Demeuré seul, l’amant tenta de se défaire du parfum corporel de celle qu’il avant tant aimée, nagea vigoureusement dans une rivière argentée jusqu’à ce que des ondines l’emmènent au fond de l’eau où il trouva une sorte de paix et de semi sérénité car les ondines étaient fées et elles voulurent panser les plaies de celui qui avait tant aimé jusqu’à la folie, sa douce, sa tendre amie.

Le vent colporta cette légende et parfois des jeunes filles esseulées, à la recherche du bel et fol amour, ornent leur chevelure de roses minuscules pour se baigner dans la rivière où l’on dit que vit un amant éperdu.