Une calèche attendait le couple princier, Cyrus et Pauline,
près de l’embarcadère du port de Calais.
Le couple monta à bord d’un fringant attelage tandis que le
voilier reprenait la mer après une halte pour que l’équipage renouvelle ses
provisions et acheté de la précieuse dentelle destinée à la future reine des
dragons.
En chemin, Pauline aperçut son amie Maud qui marchait sur le
bas-côté de la route. Elle la pria de monter dans le confortable réceptacle de
la calèche et lui présenta le prince Cyrus, son futur époux.
Maud fut ravie d’apprendre cette bonne nouvelle et elle ne
posa aucune question, pensant que les révélations viendraient au fil des
conversations prochaines et des possibles réalisations culturelles à visée
pédagogique. Du reste, rompue par le voyage, elle ne put résister au sommeil
qui l’envahit et ne se réveilla qu’à Maretz, la petite cité natale de Pauline
où l’on accueillit son retour avec soulagement.
Pauline présenta le prince avec simplicité et promit des
explications qui viendraient en leur temps.
Maud rentra chez elle, confuse de s’être ainsi laissé
emporter par un sommeil profond.
Les jours suivants, on prépara une fête pour le retour de
Pauline aux doigts de fée.
Le prince se procura un cheval et explora les environs. Il
revenait chargé des présents de la forêt, champignons, fleurs, pommes de pin et
autres richesses dont Pauline tirait profit en réalisant une nouvelle sculpture
ou un ornement pour son château de conte de fée.
Sa nouvelle création fournit des indices sur les détails de
son aventure.
Elle sculpta un magnifique dragon, une fée jeteuse de sorts
et enfin un beau prince qui ressemblait à Cyrus émergeant de la dépouille du
dragon.
Chacun se représenta l’historique de leur rencontre à partir de
ces éléments.
Le maire assura Pauline qu’elle ne leur devait aucune
explication et il dit au prince que désormais il figurerait au nombre des
habitants du village.
« Nous sommes très honorés, prince, de votre présence
dans notre modeste commune et nous vous témoignons notre profonde admiration et
notre sincère attachement ».
Sur ces mots, il partit dignement, pressé de mettre la main
au fabuleux banquet des retrouvailles.
Plateaux de fruits de mer, waterzoi de poissons, vol-au-vent
de crustacés sauce Aurore, chaud-froid de blancs de volaille, pintade aux
pêches, cochon de lait farci aux pommes et aux raisins figureraient en bonne
place pour le menu.
Concernant le dessert, le maire s’en remettait à
l’inventivité des femmes du village et du pâtissier.
Les chasseurs apporteront des magrets de canard aux airelles,
du chevreuil en marinade et de la hure de sanglier moelleuse et fondante.
« Nous porterons le surplus aux villages voisins »
dit l’édile de la commune, fidèle au blason et à l’ Histoire de la noble cité.
« De gueules à une rose tigée et feuilletée
d’argent » formule illustrant le blason de Maretz inspira les pâtissiers
qui tâchèrent de reproduire en pâte feuilletée et en crèmes aux fruits rouges
le profil de l’écu symbolique.
Le soir de la fête, une escouade de dragons se posa sur la
place ; ils étaient porteurs de présents prestigieux, caramélisèrent des
pommes dont ils se régalèrent à la manière d’ Elliott le dragon.
Chacun se rappela alors que les dragons appartenaient à
l’univers fantastique et légendaire et que leur rôle protecteur n’était pas
vain.
Les enfants caracolèrent sur leur dos et quelques
adolescentes rêvèrent de se voir enlever comme Pauline pour revenir au village
au bras d’un prince charmant.