mardi 30 avril 2024

Envolée de pétales de roses

 


En cheminant sur la route fleurie de Luis Mariano, Vincent Niclo se trouva soudainement emporté par un vent de fleurs.

C’étaient des roses car ces reines de beauté s’effeuillaient une à une.

Les pétales s’envolaient comme autant de notes de musique.

Comme les ouvrières chargées de récolter les fleurs d’oranger tombées après un orage pour sauver les prémices d’un parfum, des personnes appartenant au monde musical glanèrent ces portées de notes et les mirent à l’abri en les déposant sur le piano blanc de Vincent.

Notre artiste aux multiples talents joua un air céleste et parfumé.

Puis il chanta. Parvenu au Pays du Sourire, opérette célèbre, il endossa son costume de scène, un  smoking élégant et lorsqu’il interpréta une chanson nouvelle, Opéra Rose Céleste, on crut voir voler des pétales de roses.

Quelques habitués fervents s’en saisirent et les emportèrent comme le trésor de leur vie.

Que vive L’Opéra Céleste chanté par un artiste à la voix divine, Vincent Niclo !

Gavroche des temps modernes




Nanti de la parfaite panoplie du romancier prêt à croquer sur le vif boulevards pittoresques et personnages singuliers, à savoir une sacoche contenant un cahier, un carnet, un carton à dessin, des crayons, des stylos, des feutres, Philippe de Cassel marchait dans les avenues parisiennes comme le loup cherchant sa proie.

Notant mentalement atmosphères et détails architecturaux, martelant le rythme des mots qui affleuraient à son esprit, Philippe sentait son cœur battre tandis qu’une musique s’installait en lui à la manière d’une douce symphonie.

Une brasserie avenante s’offrit à son regard au douzième coup de midi. Il s’installa à une table dotée d’un vis-à-vis, commanda un plat typique de cet établissement citadin , une andouillette et son accompagnement de légumes. Quelques profiteroles au dessert lui donnèrent l’envie de prendre quelques notes pour fixer la matière descriptive qu’il avait engrangée en chemin.

Un léger vin rosé avait dopé  son imaginaire et il se mit à écrire frénétiquement, surpris de voir les mots prendre place avec facilité et justesse.

Un café et un verre de rhum dynamisèrent le tempo du romancier débutant. Cherchant fébrilement le nœud gordien d’une intrigue à la Simenon ou à la Agatha Christie, ses modèles, il fut tiré de cette frénésie d’écriture par le serveur qui, en rôdant autour de sa table, tâchait de lui faire comprendre que le temps de la restauration était achevé.

« Vous devriez aller au café de Flore, Monsieur, si vous voulez écrire tranquillement : là-bas, on soigne les écrivains » lui recommanda Julien, le serveur de son secteur. Il empocha le pourboire avec le sourire car Philippe n’avait pas lésiné sur la somme.

Respectueux du savoir vivre instauré entre personnel et client, Philippe rangea son cahier et ses crayons et partit d’un bon pas vers un endroit où il pourrait poursuivre ses travaux d’écriture.

C’est alors que surgit un Pick Pocket enfant qui tenta d’arracher sa précieuse sacoche.

Philippe avait eu l’habitude des combats de rue dans son enfance et , sa haute taille aidant, il prit l’avantage sur l’apprenti voleur. Ce Gavroche des temps modernes se tordait comme une anguille mais Philippe lui immobilisa les poignets et le contraignit à le regarder en face.

«  Comment t’appelles-tu » ? demanda-t-il à cet enfant vêtu de noir, au regard fuyant.

«  Gavroche » répondit-il avec insolence, tentant à nouveau de s’échapper.

La vue d’un policier qui venait à leur rencontre le doucha sérieusement et il préféra endosser le rôle du jeune garçon qui chahute avec son père.

En remerciement de la non-dénonciation de l’agressé, il accepta de marcher aux côtés de Philippe sans que ce dernier n’ait à le retenir.

D’un commun accord, ils s’attablèrent dans un salon de thé et Philippe, bon prince, commanda une glace qui avait sa préférence, une Dame Blanche. Tous deux savourèrent cette gourmandise qui les plongea dans une sorte d’extase.

Il pourra me dire ensuite pourquoi il a choisi de vivre dangereusement se dit Philippe, oubliant roman et rythmes musicaux.

Il se sentait ému par ce jeune garçon des rues qui ressemblait de plus en plus à ce jeune héros des Misérables : c’était à n’en pas douter, un signe du destin que de l’avoir mis sur sa route !

 

lundi 29 avril 2024

La maison féérique de Johnny

 



Nichée dans un jardin de fleurs aux tons pastel et rouge feu, la maison de Johnny nous est offerte comme si elle surgissait d’un livre de contes de fées.

Personne ne lui a lu lorsqu’il était enfant les contes de Grimm, de Perrault, de Madame d’Aulnoy.

Chants et danses en costume western furent son univers enfantin.

Les vestes à franges et le bonnet en castor associés à une guitare le plongèrent dans les romans de Mark Twain avec les aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn le long du fleuve Mississippi.

La douceur parfois nimbée de cruauté des contes européens lui fit défaut c’est pourquoi il fut si heureux de connaître un monde nouveau, asiatique, avec la venue de Jade et de Joy. Ensemble, ils ont pu aborder des rivages riches en perles, en pagodes et ils ont pu connaître des aventures fabuleuses le long du fleuve Amour.

Offrons aujourd’hui à Johnny le monde féérique des frères Grimm et toutes les fleurs de la Petite Maison dans la Prairie qui unissent ces deux approches du rêve !