Décor : le banc des origines
Sophie
- Cher public, chers amis, nous allons nous quitter. J’espère que nous vous
avons fait passer un agréable moment. Pour les adieux, j’ai choisi le banc qui
fut à l’origine de notre belle aventure.
Si vous avez aimé notre rencontre, je vous invite à nous imiter. Allez dans
les parcs, installez-vous sur un banc et attendez qu’une âme en peine sollicite
votre regard. Les bancs publics ont besoin d’un éclairage nouveau car ils ont
un peu trop souvent à mon goût été le fief des voyous.
A peine une jeune fille s’y était-elle installée, désireuse d’admirer la
beauté d’un feuillage ou de se livrer à la méditation, qu’un homme, couleur de
muraille, se glissait à ses côtés.
Se rapprochant peu à peu, il finissait par déployer tout son art de
prédateur, devenant de plus en plus proche voire oppressant pour se révéler
tactile et dominateur à l’extrême.
La pauvre jeune fille, après avoir repoussé les attaques, réalisant que ses
rêves d’idéal avaient pris fin, n’avait d’autre salut que la fuite.
Il nous faut lutter contre ces comportements indignes. Est-ce à dire, si une
femme s’assoit sur un banc, qu’elle n’est pas capable d’autre chose que de
se laisser tripoter par le premier malotru venu ?
Doit-elle se cacher dans sa demeure ? Ne peut-elle pas jouir, comme les
hommes, d’un espace de liberté ?
Devra-t-elle toujours avoir besoin d’une tutelle masculine pour se déplacer ?
Mais tout cela, vous devez le savoir, aussi bien que moi, c’est pourquoi je
n’insisterai pas davantage.
Je préfère vous distribuer des roses et vous rappeler le titre de notre
pièce : Quand reviennent les roses.
Oui, il faut que les roses renaissent sur les ruines de toutes ces zones
sombres où les contes de fées, si nécessaires au développement des enfants, n’ont
pas droit de cité.
Prenez le relais, mes amis et proclamez en chantant s’il le faut, même en
rap, que le temps des âmes noires ne doit plus régner en maître.
Quand reviendront les roses éternelles de l’amour, courtois et noble, notre
tâche sera achevée.
Mais d’ici là, chers amis, partez avec un livre à la main et attendez, sur
un banc, qu’une personne vous interpelle avec calme et loyauté pour engager une
conversation qui vous liera d’amitié.
Faisons renaître une carte du Tendre rénovée et au goût de notre temps !
Rêvons, en un mot, rêvons car le rêve est créateur et sans lui, rien de
noble et beau ne se construit !
Rêvons !
Et tandis que le rideau tombe, peu à peu, Sophie continue à lancer des roses
dans le public, jusqu’à ce que les applaudissements retentissent dans un parfum
de roses.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire