vendredi 25 septembre 2020

Les larmes du soleil

 



Pleurant la mort d’Icare, le soleil laissa tomber une larme au large de la Méditerranée et fertilisa le sol, favorisant le jaillissement d’un arbre fruitier qui produisit d’extraordinaires représentations du citron aux formes extravagantes que l’on nomme Main de Bouddha.

Une autre larme fut à l’origine d’une princesse plus belle encore que Néfertiti  ou Cléopâtre et ses parents lui donnèrent le nom d’Esméralda, en souvenir de la belle héroïne de Notre Dame de Paris.

Une larme cristalline, en heurtant une terre volcanique et désolée donna naissance à des fleurs miraculeuses qui formèrent un tapis soyeux, les cyclamens.

Enfin, rencontrant un nuage couleur aurore, une minuscule gouttelette solaire provoqua la naissance d’un prince si beau qu’il éclipsa les Tristan et les Lancelot de la légende.

Pour célébrer la venue de ce merveilleux enfant, ses parents le prénommèrent Rodrigue en souvenir du dicton qui courait dans Paris au temps du Roi Soleil : «  Beau comme Le Cid » !

Ces deux enfants issus des larmes du soleil étaient destinés à se rencontrer.

C’est pourquoi Rodrigue ne manqua pas d’être ébloui par la lumineuse apparition d’une divine personne, occupée prosaïquement à récolter  de beaux fruits étranges dont elle ferait des compotées et des confitures qui s’étaleraient sur des couches de sucre, de beurre en pommade  et d’amandes tapissant des pâtes sablées précuites.

Ignorant ces préparations royales et gourmandes, Rodrigue supposa que cette récolte était nécessaire et il aida la jeune fille à remplir son panier de fruits solaires puis il porta le précieux couffin, escortant Esméralda jusqu’à sa demeure, une magnifique maison de briques pourpres décorées d’une feuille d’or pour rappeler l’appartenance au dieu Soleil.

Rodrigue fut accueilli comme un hôte de marque, un véritable héros solaire car les parents de la jeune fille notèrent que dans ses beaux yeux couleur noisette, des paillettes d’or  signaient ses origines.

On lui servit de la citronnade, délicieuse et parfumée à souhait, provenant des fruits qui avaient échappé au décor de la cavalcade lors du carnaval de Menton et pour accompagner cette boisson savoureuse, de petits gâteaux sablés, couronnés d’une crème dont la couleur jaune vif ne laissait aucun doute sur sa composition, se laissèrent manger comme une véritable gourmandise.

Lorsque Rodrigue prit congé, la famille l’invita à revenir quand bon lui semblerait et Esméralda lui adressa un sourire si chaleureux qu’il ne douta pas d’une séduction réciproque qui s’ancrerait au fil du temps pour une adhésion parfaite et la création d’un couple lumineux.

En voyant ce beau couple digne de sa splendeur, le soleil laissa échapper une dernière larme qui devint le berceau du futur enfant qui naîtrait de l’union du couple fabuleux.

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