jeudi 31 octobre 2024

L'appel mythique de la forêt

 

 


Dans les halliers hantés par les loups-garous et autres animaux fantastiques, le ténor à la voix d’or, Vincent chemine en chantant.

Les araignées sont dociles et tissent un voile de mariée pour la belle Louane qui accompagne le chanteur.

Main dans la main, ils déjouent les plans de petites sorcières qui tentent de les envoûter.

Parlez moi d’amour, La chanson des blés d’or, Les mains des femmes tant célébrées par Jack Lantier leur servent de viatiques.

De petites mains d’or pulvérisent les citrouilles déguisées en jeteuses de sorts projetant le couple solaire dans un univers où le rêve s’impose.

Dans la clairière des amours éclairée par un Petit Prince solaire et une fée aux mains de miel, Vincent et Louane se rafraîchissent à la fontaine lumineuse qui dispense des boissons parfumées aux fruits des bois puis ils dansent au son d’un orchestre géré par les oiseaux.

Sur un air de La forêt viennoise reconverti aux rythmes celtiques de Brocéliande, Vincent et Louane esquissent les pas de la passion sublimée dans les tons rose fuchsia , turquoise et or.

La fée de la forêt chante les grands airs de La vie Parisienne d’ Offenbach puis s’éclipse après avoir donné les premières notes de la célèbre Barcarolle des Contes d’ Hoffmann.

«  Belle nuit, ô nuit d’amour » !

En reprenant ce grand air passionné, Vincent et Louane pulvérisent définitivement les maléfices nichés au cœur de la forêt et s’apprêtent à conquérir un public épris de lumière et de beauté.

mercredi 30 octobre 2024

L'ïle d' Avallon

 


Quittant à regret sa dame d’amour mais décidé à mener l’aventure jusqu’à son terme pour en rapporter la belle Excalibur, Jehan des Roselières, son écuyer à ses côtés, pressa son bel étalon Etoile du Nord vers les brumes d’Avallon.

Son escorte comprenait les guerriers les plus redoutables du château.

Sur les créneaux de Fol Espoir, Dame Pervenche, son épouse, l’avait longtemps suivi du regard puis elle s’était arrachée à sa contemplation et avait rejoint ses compagnes, Capucine, Doria, Alexandra de Jésus et Josépha du Gosier pour établir des menus et les commandes qui s’y rattachaient.

Toutes furent d’accord pour éviter les tourments d’amour.

Ces pâtisseries faisaient voyager les chevaliers, provoquant de véritables séismes dans leur cœur avide de passion.

Préparons du pot au feu à base de jarret de veau, de paleron, de bœuf, de légumes du potager, d’os à moelle et de bouquets garnis avec un bel oignon piqué de clous de girofle.

Cette préparation nous aidera à présenter plusieurs repas, viandes et légumes en un premier temps, bouillon au tapioca ensuite et enfin hachis préparé à partir des restes de viande et passé au four avec une sauce blanche et de la moutarde, suggéra Capucine.

Adjugé ! dit Pervenche. Pour les desserts, nous leur servirons du pudding, des charlottes, du pain d’épices, des cakes et des tartes aux pommes.

Satisfaites d’avoir élaboré des menus susceptibles de satisfaire les chevaliers sans fouetter leur imaginaire compulsif, les dames se mirent en devoir d’envoyer les marmitons à la recherche des ingrédients nécessaires à la fabrication des plats et elles commencèrent à pétrit la pâte qui serait la base de différents gâteaux cuisinés.

Dame Pervenche pensa à ce cœur en pâte feuilletée, fourré de crème pralinée  qu’elle avait enveloppé dans un linge parfumé à l’essence de rose puis placé dans les fontes d’ Etoile du Nord, destiné à son époux.

Il pourrait le savourer lors de la première halte puisqu’elle avait mis l’écuyer dans le secret.

Albin de Watreloo, l’écuyer, apporta le cœur ardent et sucré à Jehan des Roselières et ce dernier caressa ce message feuilleté avant de le déguster.

Chaque bouchée lui offrait une parcelle du corps si désirable de sa Pervenche bien aimée et lorsque le cœur feuilleté se fondit en lui, il éprouva une sensation voisine de la déchirure et du plaisir assouvi.

Il mit un terme à la halte qui lui avait permis de retrouver la fleur charnelle de sa dame.

Il repartit, galvanisé par le désir de tirer Excalibur de son fourreau d’écume.

Parvenu avec son escorte sur les rives de la mer qui bordait l’île d’Avallon, il avisa un passeur qui se montra disposé à emmener les chevaliers et leurs gens par petits groupes jusqu’aux abords du dernier refuge du Roi Arthur.

Un tiers des hommes resta à terre pour garder les chevaux et servir d’appoint, le cas échéant.

Quentin de Trégastel, chargé du commandement des guerriers appréciés pour leur sagesse et leur sens stratégique, fit construire des abris pour les hommes et leurs montures.

Des soldats cuisiniers firent un feu au-dessus duquel on suspendit une crémaillère où mijotèrent viandes, légumes et plantes tubéreuses qui apportèrent l’onctuosité nécessaire à l’ingestion des plats revigorants.

Des jeunes filles d’un village voisin leur apportèrent des pains cuits au feu de bois, des pichets de vin et des brioches dorées qui rappelèrent à tous les délices dégustés au château.

Ces jeunes paysannes promirent de revenir le lendemain et de leur apporter à nouveau du pain, du vin et des douceurs.

Pendant ce temps, Jehan des Roselières et ses compagnons d’armes progressaient dans la conquête du château de brume.

Ils eurent la chance d’apercevoir un véritable village de tentes et de constater qu’on les y attendait.

Un repas festif à base de poissons, servis grillés, pochés ou en cotriades, changea les convives habitués à des nourritures carnées.

Des galettes de sarrasin garnies d’œufs et de cubes de viande ou de fromage, accompagnées de cidre, de cervoise et de vin chaud enchantèrent les hommes peu habitués à ce genre de nourriture.

Des crêpes aux saveurs orangées ou citronnées, des palets de dame et des beignets aux pommes caramélisées clôturèrent ce repas qui sortait de l’ordinaire.

Jehan voulut féliciter les cuisiniers et les organisateurs du repas.

C’est alors que l’on vit arriver une ronde de petites fées et de korrigans.

Rien d’étonnant, se dit Jehan, nous sommes en pleine féerie et je crois que cette île d’Avallon nous réserve bien des surprises.

Pour leur faciliter le sommeil, les lutins et les fées leur servirent des tisanes parfumées à la mélisse, au tilleul ou à la camomille ainsi que de petits gâteaux joliment nommés langues de chats et des tartelettes à la praline rose.

Des tentes préparées pour la nuit étaient pourvues de duvets qui plongèrent les hommes, repus et reposés dans un sommeil réparateur.

Le lendemain, après une collation de pain chaud, de lait au miel et de suppléments à base d’œufs à la coque et de crème aux amandes, les hommes de Jehan se déployèrent en colonnes, Albin de Watreloo brandissant l’oriflamme de Fol Espoir où l’on avait brodé une pervenche festonnée d’or.

Jehan des Roselières, son écu à la main, progressait méthodiquement en observant prudemment les alentours.

Un château qui semblait sculpté dans les nuages apparut au détour d’un chemin.

Des hérons, des aigrettes et des flamants roses apparurent sur les créneaux des tourelles, soulignant l’aspect mystérieux du château.

Le pont levis s’abattit, invitant les guerriers à pénétrer dans le fort légendaire de l’île.

Une jolie fée les accueillit et les invita à entrer dans le salon d’apparat.

Une fois installés par la maîtresse de maison, ils savourèrent une noria de pains aux noix, fourrés d’une farce de champignons poêlés et de fromage frais.

C’est la surprise de Merlin dit une voix forte.

Un chevalier de haute taille, aux longs cheveux argentés cascadant sur ses épaules, était apparu dans la pièce, ce qui arracha un cri aux hôtes : Arthur !

Arthur, car c’était bien lui, décidément immortel et peu enclin à se séparer d’Excalibur, son épée magique, prit place aux côtés de Jehan des Roselières et les deux chefs se parlèrent longtemps, savourant au passage les délices que l’on servait à la Table Ronde de Kaamelot.

Alors que l’on servait une couronne briochée décorée de fruits confits, un personnage légendaire fit une entrée spectaculaire, arborant fièrement une épée qui ressemblait étrangement à Excalibur.

C’était Merlin, bien entendu, et il offrit l’épée magique à Jehan des Roselières en lui disant que puisqu’il avait un frère jumeau, Fleur des Genêts, il pouvait également avoir une épée jumelle d’Excalibur.

Arthur lui enjoignit de garder le secret.

Personne ne doit savoir qu’il existe deux épées similaires.

Tâche, Jehan, de conduire des expéditions victorieuses, ton épée Excalibur à la main !

Tu entreras ainsi dans la légende, réussissant là où j’ai échoué !

Un banquet exceptionnel, à la mode d’antan, fut offert à tous et après une nuit paisible, Jehan des Roselières prit congé de ses hôtes avec ses compagnons.

Korrigans et autres personnes féeriques avaient mis des barques à leur disposition et des bateliers les emmenèrent de l’autre côté de la mer.

Albin de Watreloo fit sonner de la trompe et les deux corps d’armée se ressoudèrent, heureux de revenir à Fol Espoir avec l’épée prodigieuse du Roi Arthur.

C’est dans ce climat de bonheur et de confiance que chevaliers et guerriers prirent la route du retour, l’oriflamme Pervenche flottant fièrement au vent !

mardi 29 octobre 2024

Dame Pervenche

 

 

 

Pivoines, pervenches, perles, bouquets de violettes et de pensées tapissaient le pavillon où Jehan attendait sa dame d’amour pour la demander en mariage et lui offrir ainsi le titre de suzeraine qu’elle méritait plus qu’aucune autre.

Des roses ornaient des vases précieux et un immense plateau d’argent installé sur un trépied contenait mille et une friandises, des tasses en porcelaine et une théière emplie d’un breuvage parfumé attendait que l’on veuille y tendre les lèvres.

Dame Pervenche fit son entrée dans le pavillon et elle comprit d’emblée ce que Jehan des Roselières attendait d’elle : le langage des fleurs, des perles et de la collation gourmande était suffisamment éloquent.

Les tourments d’amour étaient naturellement présents sur le plateau d’argent : Josépha y avait mis tout son cœur et son talent pour les rendre encore plus appétissants et savoureux que de coutume.

Jehan des Roselières prit les mains de sa dame et les emprisonna dans les siennes.

Il lui demanda courtoisement d’accepter de devenir son épouse, vœu qui lui était le plus cher.

Très émue, Pervenche s’assit près de son futur époux sur un sofa, posa sa jolie tête sur son épaule et retenant son souffle, lui demanda s’il était bien certain de son choix :

«  Vous pourriez prétendre à une dame de haute lignée, ce que je ne suis pas » dit-elle mais Jehan l’enlaça, l’embrassa ardemment et entre deux étreintes, lui jura qu’il l’avait aimée au premier regard et qu’aucune autre jeune femme ne pourrait lui donner l’amour qu’il était en droit d’attendre en sa qualité de suzerain.

« Soyez certaine, ma mie, que vous recevrez plus d’amour que vous pourriez en attendre d’un amant passionné et fougueux tant l’ardeur  que je vous porte est aiguillonnée par le désir ».

Ils goûtèrent les délices préparés pour leur rencontre officielle et ils se quittèrent, le corps embrasé par des flammèches prêtes à devenir un brûlot d’amour.

Ils s’unirent le lendemain dans la chapelle du château, participèrent à un repas de noces, simple et bon.

Capucine, Doria, Alexandra de Jésus et Josépha du Gosier avaient tout mis en œuvre pour que le souvenir de ces agapes soit mémorable.

Fricassée de volaille flambée à l’armagnac, blinis au foie gras d’oie et à la gelée de roses,vol-au-vent de salmis de palombes, gigot d’agneau rôti aux fèves, purée de butternut et choux farcis à la paysanne, filets de soles et dos de saumon à la royale ravirent tous les convives.

Des plateaux de fromage circulèrent à la ronde puis les fameux tourments d’amour et la pastilla à la crème aromatisée à la rose enchantèrent les gourmands.

Vint ensuite une pyramide de choux caramélisés fourrés à la crème d’amandes et aux pralines, des fruits confits et des bols de crème mousseuse aromatisée à la bergamote et à l’angélique clôturèrent le repas avec magnificence.

Les mariés s’éclipsèrent tandis que les convives regagnaient leur chambre, par décence ou prenaient l’air dans les jardins, badinant ou rêvant selon les circonstances.

Jehan fit preuve d’une infinie délicatesse pour s’unir charnellement à la dame de son cœur et lorsqu’ils s’éveillèrent, à l’aube, ils eurent l’impression de ne plus faire qu’un.

Après un dernier baiser fougueux et passionné, les époux se préparèrent à affronter le jour.

Jehan devait cependant préparer son bagage armé pour se rendre à l’île d’Avallon afin d’en rapporter la fabuleuse Excalibur.

Quant à Dame Pervenche, le corps et l’âme apaisés, elle reprit ses fonctions auprès de ses compagnes, rêvant du bel enfant qu’elle ne manquerait pas d’avoir tant leur nuit d’amour avait été digne des Mille et Une Nuits !