Juché sur
Grand Soleil, son étalon couleur de feu, le Prince Logan, arc et carquois en
bandoulière, part à la conquête de son destin.
Il cherche
un adversaire à sa mesure car tous les hommes qui l’ont défié au combat ont dû
s’incliner avec plus ou moins de bonheur, certains se trouvant même aux portes
de la mort après avoir tenté un geste
que seuls, les chevaliers félons s’autorisent.
Parvenu aux
confins du royaume, il vit la ligne d’horizon se briser pour laisser apparaître
une fabuleuse jeune femme, une amazone, au regard foudroyant. Craignant de
devoir se mesurer à une telle beauté, au risque de la blesser, le prince voulut
se détourner de son chemin, dérogeant ainsi à la ligne qu’il s’était fixée, ne
jamais reculer. C’est alors que sa monture le désarçonna et galopa vers la mer
dont on voyait les vagues mourir sur une plage abritée par les vents.
Le prince
prit résolument à l’est, ignorant les appels de la belle cavalière.
Son courage
fut récompensé car il aperçut au loin les marches d’un palais de marbre.
Il s’y
dirigea, monta les marches et héla le propriétaire des lieux pour lui demander
l’hospitalité.
N’entendant
pas de réponse, il progressa dans la découverte du palais, admirant la
profondeur et la splendeur des lieux.
Une table
était pourtant dressée, n’attendant qu’un hôte pour déguster un ensemble de
plats savoureux à base de légumes, de fruits, de fleurs et de semoule.
Après s’être
lavé les mains à une fontaine de faïence bleue, le prince honora quelques plats,
but des préparations fruitées et acidulées puis se mit en devoir de trouver une
chambre pour y passer la nuit.
Il n’eut que
l’embarras du choix. Écartant des
suites luxueuses et drapées de velours ou de soieries, il eut un coup de cœur pour
une chambre lumineuse possédant un balcon qui donnait sur les jardins. Après
une excellente nuit, des ablutions dans un bain bouillonnant et parfumé, il
revêtit un costume d’apparat à sa taille qui garnissait un valet de nuit et se
chaussa de mocassins confortables.
Un petit
déjeuner où abondaient brioches, pains chauds, fruits, boissons choisies l’attendait
dans la pièce principale.
Il y fit
honneur puis partit se promener dans les jardins.
Les bosquets
offraient à l’œil un ensemble verdoyant où des volières spacieuses donnaient
une parenthèse colorée et musicale grâce à une multitude d’oiseaux. Des
fontaines jaillissaient de bassins où l’on apercevait des carpes.
Tout à la
découverte de ces fabuleux jardins, il ne vit pas s’approcher la belle amazone
aperçue la veille et soudain il se trouva confronté à sa splendide apparition.
Elle émergeait d’une arche de roses aux parfums enivrants. Olympe, ainsi se
nommait la belle créature, lui prit la main et conduisit le prince jusqu’à une
tonnelle qui était le point d’orgue d’un jardin d’amour créé par une reine,
précisa-t-elle.
Il s’agit de
mon ancêtre, Diamant la bien nommée et je suis dépositaire de toutes ses
richesses ajouta-t-elle, précisant que le bien le plus précieux de la reine
consistait en une devise : « Je ne plie le genou que pour l’amour ».
Voilà une
excellente devise dit le prince, quelque peu intimidé.
Olympe l’accompagna
jusqu’au palais et à son arrivée, les serviteurs accoururent pour recevoir ses
ordres.
Toute la
journée passa comme un rêve et les deux amants se donnèrent rendez-vous pour le
lendemain à la tombée la nuit.
Le
lendemain, Logan s’éveilla de charmante humeur mais ô stupeur, chambre, palais
et jardins avaient disparu et il était à nouveau à cheval. Il caressa la
crinière de Grand Soleil et s’en retourna dans son royaume.
À dater de ce jour, il envoya des émissaires à la
recherche du palais mythique, fit des reconnaissantes de son côté, criant le
nom d’Olympe au bord de la mer mais seuls les oiseaux lui répondirent.
Se résignant
à vivre en solitaire, il donna, pour la forme, un bal costumé afin de contenter
les nobles de son royaume, chagrinés de vivre dans une ambiance mélancolique.
Les violons
attaquèrent « Les yeux noirs » et c’est à cet instant que la belle disparue
fit une entrée spectaculaire, vêtue d’une fabuleuse robe de plumes et de soie.
Logan l’enlaça fougueusement et ils exécutèrent une valse radieuse.
Il ne serait
plus jamais triste puisqu’elle était revenue, sa belle amazone, sa reine de la
nuit et des jours solaires.
Lors de la dernière figure, Olympe claqua des mains :
une pluie de rubis et de diamants couvrit la salle de bal, ce qui favorisa le
retrait des amants qui se jurèrent un amour éternel.
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