Dans
sa robe de soie gorge de pigeon, la reine esquisse quelques pas en son jardin d’amour
et observe les détails qui s’offrent à sa vue, un rouge-gorge dans la neige,
une rose gelée, une fine couche de glace qui craque sous les pas et en déduit
que le printemps arrivera bientôt avec sa cohorte de fleurs et de parfums
enivrants.
Elle
croque le rouge-gorge au fusain et lorsqu’il est achevé, il s’envole vers les
nuages ourlés de nacre.
D’une
ligne d’horizon pourpre, un prince aux couleurs lumineuses, s’approche de la
reine et lui récite les poèmes qu’il a composés en son pays d’au-delà des mers,
d’un orient fabuleux où naissent et renaissent les roses.
La
reine le conduit en son palais, réunit ses dames d’atour, son chambellan et
tous les serviteurs et ordonne qu’un grand bal se prépare afin de trouver une
dame d’amour à la hauteur des rêves de ce beau prince oriental. Mais ce dernier
estime qu’un bal n’est pas nécessaire. Il connait déjà la dame qui règnera sur
son cœur, elle se nomme Asphodèle et il doit lui rapporter une fleur
inestimable pour gagner ses faveurs.
Alors
la reine sourit et emmène le prince dans la serre que ses jardiniers
entretiennent jalousement. Le prince s’arrête devant l’orchidée Catleya chère à
Marcel Proust et confie un bouquet à son cheval ailé pour qu’il dépose la
précieuse offrande à sa belle.
Délivré
de ce souci majeur, le prince Alban accède à tous les désirs de la reine et lui
chante ses derniers poèmes que la reine fait noter sur un parchemin doré.
Au
terme de quelques jours, le prince Alban fait seller son alezan et repart vers
son pays lointain, laissant derrière lui les premières fleurs du printemps,
jacinthes crocus et myosotis.
Certain de savoir la
reine heureuse dans cet environnement fleuri, il traverse l’arc-en-ciel du
bonheur et sème sur sa route quelques joyaux, rubis, turquoises et pierres de
lune pour assurer la pérennité de ce royaume chéri.
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