Annie, mon amie d'enfance a préféré peindre l'église de Burlats plutôt que de
tracer les contours sévères de notre église médiévale à Flines-Lez-Râches où nous avons vécu les dix premières années de
notre vie.
L'église était loin de "notre rue" et lorsque nous prenions le chemin de la messe de Minuit, dans le froid, nous souffrions, surtout Maman dont le cœur commençait à faiblir ! Nous devions faire une pause pour qu'elle reprenne son souffle. J'avais beau avoir des vêtements chauds, le froid nous saisissait mais en arrivant à l'église, nous ne pensions plus à ces tracas.
Le chant Minuit, Chrétiens s'élevait dans la nef, interprété par un ténor du village qui a longtemps été ma référence côté chant : c'était si beau que j'en oubliais le froid et le vent qui avaient précédé notre arrivée.
Maman semblait distraite : elle observait toutes les toilettes et murmurait des propos étranges en pinçant les lèvres.
Je n'ai jamais apporté la moindre attention aux tenues vestimentaires, peut-être justement parce que j'en étais la première victime : je recevais souvent des coups d'épingles lors des essayages et je trouvais ces séances désagréables et interminables ! Maman aurait voulu que je sois d'une rare élégance mais le résultat ne la satisfaisait jamais assez ; pourtant lorsque j'arrivais à l'église le Dimanche, tout le monde se retournait pour découvrir mes tenues qui n'étaient jamais anodines. Je la suppliais de me coudre des vêtements simples et pratiques mais elle faisait la sourde oreille tout en me réprimandant d'être aussi loin de son univers.
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir gardé certains vêtements qui étaient des sortes de chef d'oeuvre ! Annie les aimait , elle aurait voulu être moi tandis que j'aurais tout donné pour lui ressembler !
Mon excentricité se portait ailleurs. J'avais ressenti un appel divin en voyant des petites filles jeter des pétales de roses sur les pavés lors des processions du mois de Mai . Pour me satisfaire, Maman a sacrifié ses beaux lys et est allée faire amende honorable au couvent en plaidant ma cause : en fait mon souhait fut à demi agréé. Je ferais bien partie de la prochaine procession mais au lieu de jeter poétiquement des pétales de roses, sous prétexte que j'étais grande et forte, on me fit porter une pancarte à la gloire de la Vierge Marie ! lorsque j'ai raconté ce fait à Annie, elle a beaucoup ri ! Elle faisait partie des semeuses de roses mais contrairement à moi, elle trouvait cela ridicule et n'y prenait aucun plaisir !
Annie suivait les cours à l'école libre tandis que j'étais élève de l'école laïque . Il existait un fossé infranchissable entre ces deux mondes c'est pourquoi nous devions nous cacher pour être amies !
Lorsque j'observais les fidèles à l'église je m'étonnais de les voir entonner des chants d'amour avec tant de conviction alors que leur cœur était souvent plein de haine et de jalousie vis à vis d'autrui !
Ces multiples observations m'ont conduite à me détacher de cette église que j'aimais tant et de me consoler en lisant la Bible, un livre qui m'avait été offert par une relation de mes parents mais cela c'est une autre histoire !
L'église était loin de "notre rue" et lorsque nous prenions le chemin de la messe de Minuit, dans le froid, nous souffrions, surtout Maman dont le cœur commençait à faiblir ! Nous devions faire une pause pour qu'elle reprenne son souffle. J'avais beau avoir des vêtements chauds, le froid nous saisissait mais en arrivant à l'église, nous ne pensions plus à ces tracas.
Le chant Minuit, Chrétiens s'élevait dans la nef, interprété par un ténor du village qui a longtemps été ma référence côté chant : c'était si beau que j'en oubliais le froid et le vent qui avaient précédé notre arrivée.
Maman semblait distraite : elle observait toutes les toilettes et murmurait des propos étranges en pinçant les lèvres.
Je n'ai jamais apporté la moindre attention aux tenues vestimentaires, peut-être justement parce que j'en étais la première victime : je recevais souvent des coups d'épingles lors des essayages et je trouvais ces séances désagréables et interminables ! Maman aurait voulu que je sois d'une rare élégance mais le résultat ne la satisfaisait jamais assez ; pourtant lorsque j'arrivais à l'église le Dimanche, tout le monde se retournait pour découvrir mes tenues qui n'étaient jamais anodines. Je la suppliais de me coudre des vêtements simples et pratiques mais elle faisait la sourde oreille tout en me réprimandant d'être aussi loin de son univers.
Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir gardé certains vêtements qui étaient des sortes de chef d'oeuvre ! Annie les aimait , elle aurait voulu être moi tandis que j'aurais tout donné pour lui ressembler !
Mon excentricité se portait ailleurs. J'avais ressenti un appel divin en voyant des petites filles jeter des pétales de roses sur les pavés lors des processions du mois de Mai . Pour me satisfaire, Maman a sacrifié ses beaux lys et est allée faire amende honorable au couvent en plaidant ma cause : en fait mon souhait fut à demi agréé. Je ferais bien partie de la prochaine procession mais au lieu de jeter poétiquement des pétales de roses, sous prétexte que j'étais grande et forte, on me fit porter une pancarte à la gloire de la Vierge Marie ! lorsque j'ai raconté ce fait à Annie, elle a beaucoup ri ! Elle faisait partie des semeuses de roses mais contrairement à moi, elle trouvait cela ridicule et n'y prenait aucun plaisir !
Annie suivait les cours à l'école libre tandis que j'étais élève de l'école laïque . Il existait un fossé infranchissable entre ces deux mondes c'est pourquoi nous devions nous cacher pour être amies !
Lorsque j'observais les fidèles à l'église je m'étonnais de les voir entonner des chants d'amour avec tant de conviction alors que leur cœur était souvent plein de haine et de jalousie vis à vis d'autrui !
Ces multiples observations m'ont conduite à me détacher de cette église que j'aimais tant et de me consoler en lisant la Bible, un livre qui m'avait été offert par une relation de mes parents mais cela c'est une autre histoire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire