En se mirant dans le courant d'un ruisseau bondissant sur des pierres
de lune, une jeune paysanne se trouva nimbée d'une chevelure d'or.
Elle n'osa pas revenir à son village, de crainte d'être repoussée ou
pire, d'être recherchée pour la dot constituée par ses cheveux. Des colporteurs
passaient parfois, vendant aiguilles, fils à broder et autres trésors. Il leur
arrivait d'inciter les femmes à se défaire de leur unique parure afin d'en
orner les têtes de celles qui avaient suffisamment d'argent pour danser dans
les bals où ruisselaient les parures de diamants et où bruissaient les robes de
soie tissées par des ouvrières vêtues de laine.
Elle marcha au hasard et arriva enfin dans un lieu féerique inondé par
des éclats de lune. Elle s'allongea sur une natte de fougères et s'endormit.
Lorsqu'elle se réveilla, elle était vêtue de percale et de lin brodé.
Sa chambre était princière, son lit à baldaquin d'où s'échappaient des pans
d'organdi, sa coiffeuse et ses fauteuils recouverts de velours bois de rose
conféraient à ce lieu de rêve une aura paradisiaque.
Désormais la belle Marion devint la princesse aux cheveux d'or et tous
les princes des alentours briguèrent sa main.
Elle attribua ce bonheur à la magie de la lune d'où tombent parfois,
sur terre, des éclats qui fixent les rêves.
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