La carpe d’or
En admirant les évolutions en forme d’arabesques d’un
martin-pêcheur, Dorian eut l’intuition d’avoir découvert le passage mythique
vers le palais englouti au fond des eaux de son étang d’enfance, aux trois
sources selon la légende.
Il plongea et explora les lieux lacustres jusqu’à ce qu’une
ouverture s’ouvre à lui car il était bel et bien présent, le palais dont tous
rêvaient.
Tout de marbre rose, il attendait la venue de celui qui le
ferait revenir au jour.
Heureux d’être ce héros, Dorian s’aventura dans un dédale
mordoré et atteignit enfin une immense salle, luxueusement meublée, où évoluait
une carpe d’or.
La carpe cessa ses mouvements aquatiques à son arrivée et se
mua en une ravissante jeune fille aux grands yeux d’or.
Dorian prit place à ses côtés et tous deux murmurèrent une
romance où les chants des bateliers de la Volga se mêlaient aux ritournelles de
son enfance évoquant les marches du palais.
Le couple se retira dans des appartements confortables et
romantiques et tandis qu’un orchestre interprétait des valses de Chopin et des
mazurkas, les deux amoureux se livrèrent à des danses langoureuses qui ne
prirent fin qu’à l’aube.
Alors qu’il formulait une demande en mariage à la charmante
Oriane, Dorian se réveilla au bord de l’eau qui chantait sur les pierres comme
à l’accoutumée.
Ce n’était donc qu’un rêve se dit-il mais il songea qu’il
retournerait bientôt au fond de l’étang pour y retrouver le grand amour de sa
vie et il reprit le chemin du retour vers sa chaumière, la poitrine gonflée de
chants d’amour qu’il s’empresserait d’écrire et de chanter.
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