Les sources de cristal
En jouant avec les perles de son collier, Cassandre observa les
sources lumineuses et irisées de chaque petit globe qui portait en son sein l’harmonie
du monde.
Dans l’une des perles, la prise de Troie étincelait de mille
feux et Cassandre croyait entendre les clameurs des guerriers grecs, violant,
tuant et incendiant les rues de cette citadelle si longtemps convoitée.
La mort d’Achille avant de pénétrer dans l’enceinte troyenne
leur semblait inassouvie et ils ne s’arrêtèrent que lorsque le silence total régna
enfin dans la ville de tous les rêves et de tous les espoirs.
Dans une autre perle, Cassandre contemplait sa propre mort
aux portes de la ville qui s’ouvrait à Agamemnon dont elle était la captive.
Puis, comme elle jouissait d’une forme d’immortalité, elle
parcourait d’autres mondes où surgissaient, tour à tour, le pire et le meilleur
de l’existence humaine.
De nombreuses perles s’irisaient des beautés forestières où
volaient colibris et oiseaux de paradis.
Des lacs, étangs, mers fermées et océans charriaient dans
leurs eaux cristallines des perles de toutes les couleurs dont elle aimait se
parer en vertu de son admiration envers la beauté.
Des coquillages renvoyaient le chant de la mer inusable et
conquérante d’où s’étaient élancés les compagnons de la Toison d’Or et les
conquérants espagnols partis à la recherche d’un idyllique eldorado.
Cassandre ferma les yeux et jouant machinalement avec les
perles de son collier, s’endormit dans sa bergère où des animaux brodés
signifiaient la beauté des fables de La Fontaine.
Cassandre, ô Cassandre, tes yeux d’or sont notre viatique et
nous te rendons la vie qui t’a été enlevée de manière si dramatique !
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