samedi 21 juin 2025

Au royaume des Apaches

 



Dans les rues de Belleville il est un endroit où l’on peut croiser un Apache si on s ’y engouffre par mégarde . Un Apache authentique, canne-épée au flanc, couteau impressionnant à la ceinture, casse-tête en poche comme Montparnasse dans Les Misérables.

Un soir, Alice, toujours rêveuse, des étoiles plein la tête, fit la connaissance de l’un de ces individus.

Sans complexe, il la regardait, détaillant chaque élément de son corps à la manière d’un maquignon évaluant un ruminant avec la précision d’un spécialiste.

Zouzou, ainsi se présenta-t-il, prit le bras de la jeune femme, l’attira contre lui pour confirmer son estimation chiffrée.

Attablés dans un café de boulevard, au fond d’une salle interlope, ils parlèrent à cœur ouvert, le jeune Apache n’hésitant pas à jouer avec la poignée de son couteau à cran d’arrêt ciselée à ses armes, le collier de jais de Casque d’Or.

Il caressait la poignée de son arme comme il l’eût fait d’une femme, ce qui fit frissonner Alice, habituée à effleurer les pages des livres.

Brusquement, Zouzou ouvrit sa chemise à jabots, montrant son torse musclé émaillé de cicatrices.

Avec un sourire désarmant, il se pencha vers la jeune femme, prit l’une de ses mains pour la plaquer sur son épiderme palpitant.

L’arrivée inopinée du Maréchal des Logis affecté au quartier, venu boire de la cervoise Lancelot, son service terminé, détermina le jeune homme à partir brusquement.

Il se leva, caressa la main d’Alice et lui murmura à l’oreille «  à bientôt ; tu m’appartiens » avant de disparaître dans la nuit.

Il avait laissé sur la table un billet conséquent. Alice paya les consommations et rentra chez elle, un rêve Apache au fond du cœur.

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