Un papillon sur la joue et un nuage
sur l’épaule, la Fée des Poètes marchait sur un tapis de roses. Une pergola où
se nichait une balancelle enrichie de coussins filés or sur fond de pourpre où
se détachaient des oiseaux en strass apparut au bout du sentier.
La Fée s’y installa,
légère et rêveuse car elle attendait un ou plusieurs hôtes. Où étaient les
poètes ? Elle se promettait de leur offrir des écritoires luxueuses et
enluminées. Sur le dos de son éventail qu’elle maniait avec dextérité, il y
avait quelques phrases essentielles tenant aux secrets de la vie, la mémoire
des mots, leur usage dans le quotidien et leur action sur le monde. Toutes ces
questions avaient été posées par Arthur Rimbaud mais, nouvel Icare, il s’était
brûlé les ailes à l’approche du soleil.
Il arriva pourtant, il
en reste toujours un, le poète des rues et des champs. Refusant de suivre la Fée
sur le chemin ô combien difficile, il tenta de l’embrasser « J’ai embrassé
l’aube d’été ». Ces vers cascadaient en lui comme une chanson vivifiante
mais la Fée lui donna quelques coups secs de son éventail, devenu un objet
punitif.
Calmé, le poète s’assit
à ses côtés, lui demanda pardon en couplets versifiés puis s’endormit.
Au réveil, il ne
restait de la Fée qu’un peu de poudre d’or et une écritoire magique où le poète
commença un recueil enrichi d’images solaires.
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