La nacre de son teint, la beauté de sa
chevelure savamment tressée et piquées de roses minuscules et de perles, un
port majestueux, tout concordait et offrait un vibrant rappel de sa majestueuse
prestance et de la délicatesse de ses traits.
La
princesse Espoir de Rose s’inclina devant son prince et ils firent une
promenade charmante, escortés par des oiseaux bleus.
Sous
une pergola où couraient volubilis, églantines et liserons, ils parlèrent peu,
laissant leurs regards développer des « romances sans paroles »
inspirées par les poètes. Le temps passa et chacun regagna sa demeure, se
promettant de se revoir le lendemain.
Mais
hélas, lorsque le prince arriva au lieu de rendez-vous, il ne trouva qu’une
pergola désolée avec une jonchée de pétales flétris. Espoir de Rose avait
laissé une lettre parfumée dans laquelle elle s’excusait de son absence. Des
affaires pressantes concernant son royaume exigeaient son départ mais elle se
faisait fort de revenir aussi vite que possible pour entretenir l’orchidée de
leurs amours. Le prince s’en revint chez lui et commença une romance destinée à
la dame de ses pensées.
Se
piquant au jeu de l’écriture, le prince Amant se livra à une intrigue
romanesque où les mots d’amour coulaient comme des ruisseaux de miel embaumés
de fleurs de jasmin et d’oranger.
Son
entourage finit par lui conseiller de se tourner davantage vers les affaires du
royaume car lui dit-on avec beaucoup de finesse, la princesse qui avait
sacrifié son amour naissant aux intérêts de ses sujets n’apprécierait pas que
son doux ami passe des journées et des nuits à écrire.
Afin
de ne pas nuire à l’équilibre de son royaume, le prince convint de s’occuper
davantage des affaires du jour. Néanmoins il se réserva quelques heures pour
méditer et écrire. Il fit doter la pergola d’un espace confortable afin de
pouvoir poursuivre son roman. De plus, il dépêcha une ambassade au royaume de
sa bien-aimée pour connaître le devenir de ses activités. Il choisit un
assortiment de bijoux précieux où les perles, l’or et les pierreries
abondaient, finement travaillés par l’orfèvre du palais. Mais cette délégation
revint avec ces trésors et une étrange nouvelle : la princesse Espoir de
Rose était inconnue !
Accablé
par cette révélation, le prince décida d’oublier cette rencontre mais comme il
s’était piqué au jeu de l’écriture, il poursuivit le roman en y jetant avec l’énergie
du désespoir les détails de la beauté d’Espoir de Rose qui se décuplaient avec
l’énigme de son absence.
Bien
lui en prit car un jour, alors qu’il employait les plus belles tournures de son
répertoire pour décliner sa beauté, une main veloutée et fraîche se posa sur la
sienne.
Elle
était de retour, sa jolie fée, son étoile et elle souriait avec une tendresse
inouïe.
Ils
tombèrent dans les bras l’un de l’autre et s’aimèrent sans tenir compte de l’ombre
qui les enveloppait.
Afin
de ne plus subir la cruauté d’une absence, le prince emmena sa belle au palais,
ordonna que l’on serve un souper des plus fins et des plus galants et fit
conduire son aimée dans une suite où elle put revêtir une tenue de rêve qu’il
avait commandée pour sa venue quelques mois plus tôt.
Ainsi
parée, elle éblouit chacun par son étrange beauté, presque irréelle et l’on
comprit pourquoi le prince avait pu être distrait de ses préoccupations
royales. Il restait néanmoins une interrogation cruciale : d’où venait la
princesse ? et pourquoi les habitants de son palais semblaient ne pas la
connaître ?
C’est
très simple, dit-elle avec un sourire, c’est la consigne que j’avais donnée
avant de partir car je craignais que des personnes mal intentionnées veuillent
s’en prendre au royaume et faire dire sous la menace, dans quel lieu je me
trouvais. Mais ajouta-t-elle avec son sourire lumineux, je veux bien accepter
les présents somptueux que vous me réservez car on m’en a fait une fidèle
description. Cependant dit-elle finalement, rien ne m’est plus précieux que vos
deux bras autour de mon corps et vos lèvres sur les miennes.
Plus
amoureux que jamais, le prince mit un genou à terre et fit sa demande de
mariage, une main sur le cœur.
Espoir
de Rose lui accorda cette main sans l’ombre d’une hésitation et après une nuit
apaisée, elle reprit la route, escortée par les officiers du palais.
Il
fut convenu qu’elle préparerait son trousseau de mariée et que le prince
mettrait ce temps à profit pour organiser les noces.
Il se promit de terminer
son livre et d’en parer le bouquet de la mariée le jour venu en gage de son
éternel amour.
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