lundi 4 juillet 2016

La Fée Cristal





Bonjour, je suis la fée Cristal. On m’a déjà  citée mais il vaut mieux que je m’exprime pour vous dire ce que je viens faire dans la trajectoire de Petit Bonheur.
Avant sa naissance, il y avait tant d’incompréhension, d’incertitude et d’hésitation côté maman à lui donner la vie que j’ai jugé nécessaire d’intervenir car je dialoguais déjà avec ce petit ange en devenir et je ne voulais pas qu’il soit expédié dans les jardins du Paradis avant qu’il n’ait pu respirer le parfum subtil des roses, du jasmin et des pivoines.
J’ai calmé les angoisses, j’ai adouci de mon mieux les feux de la colère et j’ai entouré Petit Bonheur du cercle magique de la boule de cristal où sont gardées les reines, les fées et les déesses dans un halo de flocons, de pétales et de papillons.
Et depuis je fais la navette d’un foyer à l’autre, veillant à ce que rien de fâcheux n’arrive à ce petit ange si heureux de vivre.
Il aime rire, jouer et danser et son plaisir particulier consiste à applaudir les petits événements merveilleux de ses journées, les bons petits plats de son père, ses bons soins, les chansons de sa mamie, les attentions tendres de son parrain et la solide présence de papi, obligé de cacher sa canne pour que son petit-fils ne s’en empare pas. J’ai dû jurer à la maman de ne rien révéler de ce qui se passe chez elle tant sa colère est sourde et vivace. Comme dans la belle chanson Double Enfance de Julien Clerc, Eloan, le petit roi de la Jalousie, oscille entre deux mondes irrémédiablement séparés par une frontière irréversible.

« Double vie double silence
 Double sens et double jeu
 Silencieux le cœur balance
 Pourquoi les parents sont-ils deux
 On voit du pays on voyage
 Chaque semaine et chaque été
 Des souvenirs qui déménagent
 Et qu’on ne peut pas raconter. »

Ce petit être déchiré entre deux mondes, je dois le protéger, foi de fée cristal et même si dans la chanson on minimise l’effet de la déchirure avec de jolies formules  « Deux maisons, deux quartiers, Deux gâteaux d’anniversaire » il n’en demeure pas moins que la rupture existe. « C’est le chagrin d’une rupture où je n’aurais jamais rompu ».
Alors de toutes mes forces de fée, je le surveille, je le protège autant que faire se peut et chaque jour, j’affûte ma baguette magique pour pallier les coups durs et préserver à mon filleul l’éclat et la luminosité de son sourire.

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