Bonjour, je
suis la fée Cristal. On m’a déjà citée
mais il vaut mieux que je m’exprime pour vous dire ce que je viens faire dans
la trajectoire de Petit Bonheur.
Avant sa
naissance, il y avait tant d’incompréhension, d’incertitude et d’hésitation
côté maman à lui donner la vie que j’ai jugé nécessaire d’intervenir car je
dialoguais déjà avec ce petit ange en devenir et je ne voulais pas qu’il soit
expédié dans les jardins du Paradis avant qu’il n’ait pu respirer le parfum
subtil des roses, du jasmin et des pivoines.
J’ai calmé
les angoisses, j’ai adouci de mon mieux les feux de la colère et j’ai entouré
Petit Bonheur du cercle magique de la boule de cristal où sont gardées les
reines, les fées et les déesses dans un halo de flocons, de pétales et de
papillons.
Et depuis je
fais la navette d’un foyer à l’autre, veillant à ce que rien de fâcheux n’arrive
à ce petit ange si heureux de vivre.
Il aime
rire, jouer et danser et son plaisir particulier consiste à applaudir les
petits événements merveilleux de ses journées, les bons petits plats de son
père, ses bons soins, les chansons de sa mamie, les attentions tendres de son
parrain et la solide présence de papi, obligé de cacher sa canne pour que son petit-fils
ne s’en empare pas. J’ai dû jurer à la maman de ne rien révéler de ce qui se
passe chez elle tant sa colère est sourde et vivace. Comme dans la belle
chanson Double Enfance de Julien Clerc, Eloan, le petit roi de la Jalousie,
oscille entre deux mondes irrémédiablement séparés par une frontière
irréversible.
« Double
vie double silence
Double sens et double jeu
Silencieux le cœur balance
Pourquoi les parents sont-ils deux
On voit du pays on voyage
Chaque semaine et chaque été
Des souvenirs qui déménagent
Et qu’on ne peut pas raconter. »
Ce petit
être déchiré entre deux mondes, je dois le protéger, foi de fée cristal et même
si dans la chanson on minimise l’effet de la déchirure avec de jolies formules
« Deux maisons, deux quartiers, Deux gâteaux d’anniversaire » il n’en
demeure pas moins que la rupture existe. « C’est le chagrin d’une rupture
où je n’aurais jamais rompu ».
Alors de toutes mes forces de fée, je le surveille,
je le protège autant que faire se peut et chaque jour, j’affûte ma baguette
magique pour pallier les coups durs et préserver à mon filleul l’éclat et la
luminosité de son sourire.
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