vendredi 21 juin 2019

Dans le coeur d'une rose


Dans le cœur d’une rose
Dans le cœur d’une rose vibrait tout un royaume dont la reine était aussi une fée.
Son prince prenait parfois l’apparence d’un oiseau-lyre pour parcourir les terres gelées des souvenirs lointains.
Apparut un jour une jeune fille, en sabots, cheveux au vent.
Ses vêtements usés et troués en certains endroits contrastaient avec la beauté séraphique de la seule personne qui puisse rivaliser avec la reine.
Yseult, tel était son nom, se présenta à la cour en plaignante.
La guerre l’avait contrainte à fuir son village en feu et de nombreuses jeunes filles avaient subi des outrages de la part d’une soldatesque cruelle et barbare.
Elle n’avait dû son salut qu’à la rapidité de gazelle dont on la gratifiait au village.
L’état de ses vêtements plaidait en sa faveur car elle avait été contrainte à se cacher dans les fourrés pour échapper à ses poursuivants.
Afin de marquer sa compassion et son admiration pour son courage, la reine Rosemonde conduisit la jeune fille dans ses appartements.
Un bain parfumé l’y attendait, des vêtements de nuit en dentelle, satin et soieries, mules brodées d’or avaient été préparés avec soin et l’on apporta à la jeune conquérante un pichet de lait frais et des brioches moelleuses pour qu’elle puisse passer une bonne nuit.
Pour que la réception soit complète, la reine envoya un orchestre de poche, violoniste, violoncelliste et accordéoniste pour lui jouer un aubade.
L’orchestre se retira  dès que la jeune beauté eut donné des signes annonciateurs du sommeil.
Le lendemain , une semblable aubade  incita Yseult à se lever.
De jeunes demoiselles d’atour l’aidèrent à faire une toilette complète et à se vêtir et se parer.
Aussi belle qu’une princesse de conte de fée, elle se rendit à la salle à manger où on lui servit un excellent petit déjeuner.
La reine l’attendait dans le jardin.
Elle s’y dirigea et la trouva assise près d’une pièce d’eau où nageaient des cygnes.
Yseult prit place à ses côtés, sur un banc et toutes deux devisèrent jusqu’à ce que le soleil soit suffisamment haut dans le ciel pour qu’il devienne une gêne.
Elles rentrèrent alors au palais et la reine fit savoir  à la ronde qu’elle comptait organiser un grand bal pour honorer la présence de leur hôtesse.
L’effervescence fut de mise.
Robes, compositions musicales, préparation de buffets, rien ne fut laissé au hasard et l’on envoya des invitations aux quatre coins du royaume.
Enfin le grand jour arriva.
Vêtue de mousseline rose et de satin blanc, les cheveux tressés et ornés de minuscules roses blanches, Yseult fit sensation.
Des murmures approbateurs circulèrent à la ronde et les princes s’empressèrent de lui retenir une danse.
Le bal fut très animé et le buffet reçut une foule de gourmets, heureux de reprendre des forces et de conter fleurette à une belle esseulée.
Cette nuit-là, il se noua tant d’idylles que, par la suite, on fit référence au bal sous le nom de bal des fiancés.
Yseult était très courtisée mais chaque cavalier connut une sorte de déception car, tout en restant courtoise, elle ne laissa aucun espoir de romance possible, ce qui peut expliquer le succès d’autres jeunes filles, plus accessibles.
Après avoir dansé maintes gavottes, valses et mazurkas, Yseult éprouva le besoin de se promener dans le parc du palais.
Une licorne lui apparut et elle prit place dans un carrosse qui semblait avoir été préparé pour lui offrir la féerie d’une promenade inespérée.
Le cocher fouetta les chevaux qui partirent d’un bon train.

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