Le fil d’argent
C’est en brossant sa blonde chevelure que, dans un reflet de
soleil sur sa psyché, Blanchefleur découvrit un fil d’argent.
Alors qu’elle s’apprêtait à enfermer le cheveu dans un petit
coffret, une mésange pénétra par la fenêtre et se saisit du précieux trophée.
Nouvelle Yseult, Blanchefleur s’amusa de ce rapt, songeant
que d’autres fils d’argent décoreraient
sa brosse de manière impromptue.
En fin d’après-midi, la mésange revint. Elle déposa un
message sur la coiffeuse. Il était ainsi libellé :
« Cherche le bel aubépin, il te rendra jeunesse et
beauté ».
Curieuse énigme, pensa Blanchefleur et cette nuit-là, elle s’unit
fougueusement à son époux, Jehan le passionné, toujours épris de sa personne.
Mais il se produisit un événement qui sembla mettre un terme
à leur interminable idylle.
Le ciel s’ouvrit en deux avec fracas et un orage terrifiant
ravagea les terres riantes et productives du beau duché d’Armagnac, à l’image
de leur amour.
Les vignes furent dépossédées de leurs grappes généreuses et
des grêlons, semblables à des balles de croquet, jonchèrent le sol, criblant
les habitations des villageois d’impacts aussi nuisibles que plaies béantes,
atteignant aussi les grandes baies vitrées du château.
Jehan s’habilla promptement, mit ses bottes et disparut au
petit matin pour ne plus jamais revenir.
On ne retrouva pas la moindre trace de son passage et chacun
supposa qu’une bourrasque diabolique l’avait emporté dans un royaume mystérieux
dont personne n’avait la clef.
Blanchefleur décida de prendre la route et de s’en remettre
au message sibyllin de la mésange.
Le bel aubépin, cher à Ronsard, lui rendrait peut-être son
bel amant.
C’est avec cet espoir qu’elle partit dans un char
confortable avec une malle contenant des vêtements, quelques parures et son
nécessaire de toilette.
La mésange se posa sur son épaule et ce fut le signal du
départ.
Le cocher fouetta l’attelage qui partit, bon train, à l’aventure
avec une promesse de fleur pour boussole.
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