Salomé devenue Apollonia par la grâce de son ordinateur arpentait le pont du navire en observant la danse de l’écume et le bond des dauphins. Sensible à la caresse du vent qui dénouait ses cheveux, les yeux mi-clos, appuyée au bastingage, elle laissait son esprit voguer au gré du flux marin.
Le visage d’ Alexandre lui apparaissait par éclipses. Vêtu de soleil, d’or et de lumière, il lui donnait le goût de l’aventure.
Lorsque le bateau arriva au port du Pirée, Apollonia fut à peine surprise de voir Alexandre agiter un carré de soie pour lui souhaiter la bienvenue.
« Pas de Food-Truck ici mais des petits restaurants dont vous me direz des nouvelles ».
Apollonia fut heureuse de constater qu’elle n’avait pas été la seule à rêver.
Salade grecque, moussaka, baklava, vin résiné et vin de Samos furent le sésame de son séjour dans un restaurant chaleureux.
Cette entrée en matière mit le soleil dans leur cœur.
Ils se promenèrent dans les rues animées de la ville puis Alexandre conduisit son amie dans la maison qu’il avait louée à son intention.
Elle était construite en pierre et comprenait un jardin intérieur ; ils prirent place près d’une fontaine, à l’ombre d’orangers.
On leur apporta du thé qu’ils burent à petites gorgées puis ils échangèrent des propos amicaux, heureux de ne plus avoir le fil à la patte du temps compté de l’entreprise.
Ensuite, Alexandre prit congé d’Apollonia et lui promit de revenir le lendemain avec un projet touristique étoffé.
Demeurée seule, Apollonia se réjouit du confort de la maison. Elle nota avec satisfaction qu’une bibliothèque dotée d’ouvrages en Français lui promettait de belles heures d’enrichissement culturel.
Installée confortablement dans le fauteuil paon de sa chambre, la jeune femme laissa dériver ses pensées au fil du souvenir.
Elle se souvint que dans son adolescence, elle avait appris à confectionner des colliers de perles en utilisant du fil de pêche et des perles mignonnettes qu’elle façonnait en rosaces.
Elsa Triolet la romancière dont elle aimait les ouvrages avait un autre talent que celui de l’écriture, la confection de bijoux de fantaisie que son époux Louis Aragon proposait aux dirigeants des maisons de couture luxueuses où il œuvrait en qualité de publicitaire.
La vente de leurs livres pourtant aimés et dotés de prix ne leur offrait pas la somme nécessaire à assurer leur train de vie reposant sur l’indépendance.
« Je pourrais me remettre à la fabrication de ces colliers, bracelets et autres fanfreluches pour pallier mes frais de séjour » pensa-t-elle et elle se promit d’en parler à Alexandre le lendemain.
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