« Mon doux aimé, je ne cesse de penser à toi. Je vogue dans un nuage de volupté. J’aimerais que tu m’envoies un caftan turquoise filé or, des babouches souples caressant le pied comme un second épiderme, une ceinture et un collier en or, un semainier des montagnes pour orner mon bras et des bracelets de cheville qui feront de moi ta prisonnière d’amour. Bouchra, ton épouse au cœur ardent ».
Bouchra aux boucles de jais confia le message à une colombe qui s’envola vers les alpages où Djibril, son époux, gardait ses troupeaux.
Djibril lut plusieurs fois ce don d’amour et dépêcha un jeune chevrier pour apporter à sa femme chérie une réponse sous forme de cadeaux, paniers de champignons, de noix et de noisettes, fromages de chèvre et poupées artisanales réalisées avec les fruits, les fleurs et les feuilles des bois.
« Ma douce Bouchra, mon Annonciation au quotidien, je rêve de toi nuit et jour. Je t’offrirai les cadeaux que tu souhaites grâce à la vente de mes troupeaux après la transhumance.
Je ne lésinerai pas sur le brocart, les métaux précieux, les pierreries et les soieries venues de Samarcande et j’y ajouterai un service à thé et des vases en céladon. Sache pourtant que tout cet apparat n’est rien en comparaison de ta beauté naturelle, satinée, d’un ivoire qui défie celui que l’on dérobe aux éléphants sacrés.
Je t’embrasse et te fais mienne en m’unissant au vent qui m’apporte la douceur ineffable de ton corps ardent. Ton époux du royaume des nuages, Djibril ».
Ce dialogue d’amour permit aux amants d’attendre le jour des retrouvailles pleines de félicité.
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