Le lendemain, au petit-déjeuner, Marianne manquait à l’appel mais personne ne s’en formalisa étant donné que la jeune femme les avait prévenus de sa présence par éclipses et chacun pensa qu’elle avait regagné l’hôpital Sainte-Anne où on lui dispensait des soins spécifiques.
Le cuisinier avait gratifié les résidents d’une spécialité finistérienne, le Farz Pitilig Souezhenn autrement dit un gâteau de crêpes agrémenté d’une savoureuse ganache formant des vagues veloutées à la découpe.
Chacun s’en régala et un arc-en-ciel gourmand illumina la salle, boostant les énergies.
Après ce moment quasi paradisiaque, un ban d’applaudissements nourris fut lancé pour remercier le cuisinier et sa brigade. Portant fièrement la toque, ils vinrent en salle, heureux d’avoir procuré du plaisir à leurs aînés.
Cet épisode achevé, Aurélien invita Renée à le suivre dans le jardin d’hiver où il avait installé son chevalet. Il avait emprunté une robe Renaissance et ses accessoires au théâtre où il avait jadis travaillé comme costumier.
Renée se changea derrière un paravent et lorsqu’elle apparut, radieuse dans sa tenue médiévale, Aurélien frappa dans ses mains pour exprimer son admiration.
Devenue modèle, Renée prit place sur une bergère et posa, un parchemin à la main.
Aurélien peignit longtemps, prenant soin de mêler des éclats lumineux et des massifs sombres pour obtenir un subtil clair-obscur à l’image de leur personne.
Trois heures plus tard, Aurélien posa ses pinceaux et proposa à son modèle de se reposer dans sa chambre.
« Je vais nettoyer mes pinceaux, ranger mon matériel et mettre mon tableau à l’abri. Nous le reprendrons demain et je suggère que nous fassions une promenade dans le jardin cet après-midi pour préserver notre énergie ».
Renée approuva la proposition et se dirigea vers sa chambre pour exécuter des exercices d’assouplissement car les heures de pose l’avaient engourdie.
Elle géra son énergie le reste de la journée, attendant le lendemain avec sérénité, curieuse de voir ce portrait d’outre-tombe qui marquerait leur passage et l’osmose de leur rencontre.

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