lundi 3 novembre 2025

La fée du bois d'amour

 



Dans sa robe gorge de pigeon, la fée Rubis du bois d’amour rama sur l’étang des chimères afin de proclamer à tous les riverains un concours de poésie à la gloire de l’automne.

Au son du tambour, les crieurs lancèrent un appel à la candidature moyennant des trésors d’automne pour financer la participation, gelée et pâte de coings, gâteau aux noix, confiture de lait, flan de butternut et autres préparations gourmandes.

Marion hésita à se lancer dans la compétition mais le challenge l’intéressait. Elle venait justement de confire des pastèques et elle avait l’appoint nécessaire pour concourir.

Côté poésie, un thème était imposé, celui du bois d’amour.

La jeune fille s’installa à son écritoire et chercha l’inspiration en puisant dans ses souvenirs littéraires, L’Astrée notamment, et ses promenades dans les bois.

«  Au bois d’amour, la muse de la poésie danse, drapée dans ses voiles de soie, espérant toucher le cœur du dieu Apollon ou d’un mortel aux yeux d’azur.

Henri de Châteauneuf-du-Faou se promenait justement dans le bois et il était si beau que les pervenches se hissaient sur leur tige dans l’espoir de se faire remarquer par le prince des bois charmants.

Mais il n’eut d’yeux que pour la muse et se saisissant de sa lyre, il interpréta un air médiéval qui fit jaillir une fontaine d’amour.

Ils burent de l’eau fraîche qui les galvanisa, agissant sur leurs corps en mal d’amour comme un vin de Champagne.

Henri enlaça la muse et ils dansèrent une valse lente sur la mousse du bois.

Le bois d’amour était illuminé de lampions orientaux et des vagues de parfums de lys, de roses et de jasmin se mêlaient aux senteurs fauves du bois.

Une bulle de cristal abrita leurs amours et au petit matin, ils furent réveillés par des écureuils joueurs et des lapins malicieux.

Les amants se séparèrent, enrichis par leur passion fugitive et quittèrent le bois qui vit fleurir une rose nouvelle si délicate et si parfumée qu’on la nomma rose d’amour ».

Marion posa son stylo et décida de lancer ce brûlot d’amour dans la compétition.

Peut-être serait-elle détrônée par un poète classique, maître du sonnet !

Son cri d’amour navigua sur une barque fleurie et elle attendit patiemment le verdict de la fée Rubis.

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