Lancelot,
le chevalier blanc aux éclats d’argent parcourt le monde à la recherche de son
amour perdu, la belle Guenièvre dont il a oublié le nom. De son corps, il ne
lui reste qu’une traîne de nuages. Son visage a disparu dans les replis de sa
mémoire.
De
ses cheveux, seuls les rayons du soleil lui renvoient le souvenir flamboyant d’une
caresse de soie.
Ses
beaux yeux, il les retrouve dans les eaux limpides des lacs et le grand ciel
bleu.
D’un
amour éperdu ne subsistent que quelques bribes et des mots balbutiés les soirs
de folie.
Par
contre, il lui reste au cœur une immense douleur, celle d’avoir trahi son Roi
et d’avoir négligé la précieuse quête du Saint Graal.
Il
ne rencontre sur son chemin que solitude et désespoir. Les terres démembrées et
les silhouettes hagardes de ceux qui ont mis toute leur confiance dans les
preux chevaliers de la Table Ronde lui rappellent à chaque instant la trahison
et la dispersion des meilleurs défenseurs du peuple. Ils ont tous failli à leur
tâche, à l’exception de Perceval qui vit le calice sacré mais ne sut pas ce qu’il
convenait de faire pour sauver le royaume. La nuit enveloppe Lancelot mais il
ignore le repos, prêt à mourir sur son cheval d’épuisement faute d’avoir rempli
son devoir au moment où l’on avait besoin de son épée. Il lutte contre
lui-même, n’ayant jamais trouvé d’adversaire à sa taille.
Enfin, dans un halo de
lune, elle lui apparaît, la terre promise, celle où se pressent des habitants
heureux. Elle a l’apparence, de Guenièvre, sa belle, son aimée. Il la retrouve
dans ses vêtements d’apparat. Il veut la serrer contre son cœur et ce geste
ultime le conduit à la mort, la seule victoire de sa vie !
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