La voix d'or

  

 

Il était une fois un ténor à la voix d'or. Un jour cependant, il se lassa de la célébrité, des soirs de fête en compagnie de femmes sublimes et il se retira dans un monastère où il ne chanta plus que pour Dieu;

Ceux qui croyaient l'aimer firent plusieurs fois le tour du monde pour le retrouver mais seul, l'un d'eux, un adolescent à la voix d'ange parvint à la porte du monastère.

Tel Galahad, il actionna le heurtoir mais il fut propulsé dans un terroir magique où régnaient fées et reines d'antan.

La belle Marguerite de Navarre lui offrit une rose de rubis et l'entraîna dans un palais où abondaient riches parures, mobilier de rêve et tapis d'orient.

Lorenzo, le chérubin à la voix d'ange fut prié de se reposer dans une aile du palais où la musique était célébrée comme un art divin. Il s'habitua à cette retraite des plus charmantes et adopta un mode de vie où alternaient exercices vocaux et plaisirs de la littérature. C'est ainsi qu'il composa une sonate et des airs d'un opéra baroque dont il chanta avec fougue des mélodies d'amour.

Un jour, alors qu'il chantait dans les jardins, il vit apparaître la plus fantastique créature qu'il eût jamais vue. Ses yeux brillaient avec la force des étoiles filantes et son joli visage était à lui seul une constellation. Elle l'accompagna d'une voix mélodieuse et tous deux connurent un amour parfumé de lilas blancs.

Leur bonheur fut extrême lorsque le ténor à la voix d'or s'éveilla d'une méditation ininterrompue.

Il ouvrit la porte, franchit les allées du jardin magique et reconnut en Lorenzo le fils aimé qu'il avait oublié.

Tous trois revinrent au monde et enchantèrent un nouveau public qui raffola de l'opéra baroque venu d'un univers si étrange que son auteur lui donna le nom de Stella Aurea.

A dater de ce jour, l'opéra fut connu dans le monde entier et les envoyés célestes réapprirent à un public frivole le message angélique de l'amour en or.