Ils surgissent avec la vivacité
du poète qui hume le vent et décrit les nuages or ce n'est pas un livre ou un
carnet qu'ils ont dans leur poche mais un couteau à cran d'arrêt luisant sous la
lune, les princes de l'ombre !
Malheur à celles qu'ils croisent
sur leur chemin car avec un compliment de quatre sous, ils les feront crier de
joie, de plaisir puis de douleur si aisément qu'elles se demanderont ensuite si
elles n'ont pas vécu dans l'illusion de ce drame au quotidien.
Mises sur le pavé avec une tape
sur les fesses qui se veut la marque du maître, ahuries, hébétées, elles
tâcheront d'aguicher un homme, n'importe lequel, vieux, jeune, voire infirme
pourvu qu'il lui donne de l'argent.
Sans ces billets, elles seront
punies, battues, flétries, caressées à la pointe du couteau pour leur apprendre
à vivre et à mieux se comporter pour se faire aimer.
Afin d'échapper à la punition
suprême, l'abattage, elles rivaliseront de coquetterie, apprendront des
postures obscènes, se régaleront de champagne et de chocolat pour repartir
vaillamment au combat.
Pendant ce temps, les princes de
l'ombre rentreront chez eux mais avant de franchir le seuil de leur belle
demeure cossue où les attend une femme aimante et douce, ils se changeront dans
l'un de ces appartements destinés aux joutes d'amours barbares et en
ressortiront, vêtus avec élégance, un camélia à la boutonnière;
Plus de bottes qui glissent sur
les pavés à la façon de serpents mais des chaussures de mondain embourgeoisé.
Ils passeront une excellente
soirée, dormiront comme des princes, vivront une belle journée apaisée tandis
que les créatures de la rue dormiront quelques heures dans un bouge puis
compteront l'argent gagné avec angoisse.
Méfiez-vous, jeunes filles, des
princes de la nuit car leur sourire est trompeur et leur beauté cache d'obscurs
dragons prêts à cracher le feu.
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