Emmitouflée dans son manteau de zibeline, la fée des neiges soupirait : où donc étaient les princes qui jadis se pressaient à ses côtés afin de la distraire de la monotonie symphonique du blanc qui régnait en son royaume ?
Mais voici que des serviteurs la prévinrent de la venue d’un beau prince venu d’ Orient : il avait en son carrosse capitonné de peaux d’ours polaires des coffres chamarrés rutilant d’or et de pierreries.
De plus il jouait admirablement de la flûte de Pan, de l’harmonica et du bandonéon.
C’est pourquoi la belle Oriane donna des ordres pour que l’on prépare un festin destiné à offrir au prince ce qu’il y avait de mieux en son palais.
Dans les cuisines, ce fut un
joyeux branle-bas de casseroles et de chaudrons resplendissant de cuivre et
bientôt odorants de belle manière : tajine de pigeons aux amandes et aux
dattes, terrine de chevreuil, pastilla et tant de plats qu’il serait fastidieux
de les énumérer : la fée exigeait ce qu’il y avait de mieux pour la venue
du prince et lorsqu’il pénétra dans le palais, des odeurs gourmandes et
paradisiaques l’accueillirent avant même que la beauté singulière de la fée ne
le frappe par son originalité.
Il prit place sur un fauteuil et
chauffa ses longues jambes grâce à la flambée de la cheminée ; ensuite, il
déclina toute offre de nourriture solide et réclama seulement une boisson à
base de fruits, ce qui lui fut accordé instantanément puis, à la demande de la
fée, il interpréta une mélodie pleine de mélancolie et de charme.
De cantilène en odes à la beauté
et à la poésie, la soirée se prolongea et il devint nécessaire que la fée mette
un terme à ce concert empreint de romantisme car elle craignait que le prince
ne se fatigue.
On le conduisit dans ses
appartements et après un bain salvateur, il endossa un vêtement de nuit, brodé
et ravissant puis sans plus de manière, il se glissa sous une couette garnie de
plumes d’oies et s’endormit promptement.
Le lendemain, on lui servit un
délicieux petit déjeuner puis la fée lui demanda quels étaient ses souhaits :
le prince souhaita reprendre sa route car on l’avait investi d’une haute
mission : il devait chercher une princesse digne de figurer par sa beauté
et son intelligence auprès du roi qu’il servait.
La fée comprit l’importance de
cette mission et elle lui offrit son concours pour trouver la perle rare. Tous
deux prirent place dans un traîneau et ils parcoururent des lieues enneigées
puis ensoleillées et lorsqu’enfin, la princesse Amandine fut jugée digne du
titre de reine, la quête s’acheva ;
La princesse fut envoyée à la
cour avec de maints présents choisis par la fée puis le prince jura de revenir
auprès d’elle car une étrange complicité
s’était créée au cours de la quête.
Le prince tint parole et vécut
des jours heureux auprès de la fée qui rendit son séjour dans son royaume de
glace idyllique et chaleureux.
Ils eurent des enfants qui
héritèrent de leur mère la puissance féerique et de leur père l’art de composer
et d’interpréter de merveilleuses mélodies et c’est ainsi qu’ils vécurent
heureux dans le plus beau des royaumes.
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