vendredi 9 février 2018

La fée des neiges




Emmitouflée dans son manteau de zibeline, la fée des neiges soupirait : où donc étaient les princes qui jadis se pressaient à ses côtés afin de la distraire de la monotonie symphonique du blanc qui régnait en son royaume ?
Mais voici que des serviteurs la prévinrent de la venue d’un beau prince venu d’ Orient : il avait en son carrosse capitonné de peaux d’ours polaires des coffres chamarrés rutilant d’or et de pierreries.
De plus il jouait admirablement de la flûte de Pan, de l’harmonica et du bandonéon.
C’est pourquoi la belle Oriane donna des ordres pour que l’on prépare un festin destiné à offrir au prince ce qu’il y avait de mieux en son palais.
Dans les cuisines, ce fut un joyeux branle-bas de casseroles et de chaudrons resplendissant de cuivre et bientôt odorants de belle manière : tajine de pigeons aux amandes et aux dattes, terrine de chevreuil, pastilla et tant de plats qu’il serait fastidieux de les énumérer : la fée exigeait ce qu’il y avait de mieux pour la venue du prince et lorsqu’il pénétra dans le palais, des odeurs gourmandes et paradisiaques l’accueillirent avant même que la beauté singulière de la fée ne le frappe par son originalité.
Il prit place sur un fauteuil et chauffa ses longues jambes grâce à la flambée de la cheminée ; ensuite, il déclina toute offre de nourriture solide et réclama seulement une boisson à base de fruits, ce qui lui fut accordé instantanément puis, à la demande de la fée, il interpréta une mélodie pleine de mélancolie et de charme.
De cantilène en odes à la beauté et à la poésie, la soirée se prolongea et il devint nécessaire que la fée mette un terme à ce concert empreint de romantisme car elle craignait que le prince ne se fatigue.
On le conduisit dans ses appartements et après un bain salvateur, il endossa un vêtement de nuit, brodé et ravissant puis sans plus de manière, il se glissa sous une couette garnie de plumes d’oies et s’endormit promptement.
Le lendemain, on lui servit un délicieux petit déjeuner puis la fée lui demanda quels étaient ses souhaits : le prince souhaita reprendre sa route car on l’avait investi d’une haute mission : il devait chercher une princesse digne de figurer par sa beauté et son intelligence auprès du roi qu’il servait.
La fée comprit l’importance de cette mission et elle lui offrit son concours pour trouver la perle rare. Tous deux prirent place dans un traîneau et ils parcoururent des lieues enneigées puis ensoleillées et lorsqu’enfin, la princesse Amandine fut jugée digne du titre de reine, la quête s’acheva ;
La princesse fut envoyée à la cour avec de maints présents choisis par la fée puis le prince jura de revenir auprès d’elle car une étrange  complicité s’était créée au cours de la quête.
Le prince tint parole et vécut des jours heureux auprès de la fée qui rendit son séjour dans son royaume de glace idyllique et chaleureux.
Ils eurent des enfants qui héritèrent de leur mère la puissance féerique et de leur père l’art de composer et d’interpréter de merveilleuses  mélodies et c’est ainsi qu’ils vécurent heureux dans le plus beau des royaumes.

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