Belle parmi les
belles, la déesse du Printemps pare ses longs cheveux d’une couronne de fleurs
d’aubépines et d’églantines, de primevères et de jonquilles et s’en va sur les
chemins, soucieuse d’annoncer aux habitants des villages la fin des frimas.
Dans ses voiles de
brume auréolée d’un rose pâle et d’un gris bleuté, la jeune beauté progresse à
petits pas, faisant tinter les grelots d’or de ses bracelets de chevilles,
accompagnée par le chant des oiseaux qui forment une noria où cascadent les
notes triomphales d’une symphonie nouvelle, pastorale et urbaine, la cadence
des usines se fondant en percussions haletantes, comme dans les chansons
rythmées de Bernard Lavilliers. Fasciné par tant de beauté, le chanteur offre
sa légendaire boucle d’oreille à la déesse qui la multiplie à l’infini pour
apporter du rêve aux promeneurs de l’aube qui la croisent avec émotion,
dévotion et amour.
Vêtue à présent d’une
robe volière Belle du Seigneur, la déesse emprunte sa générosité à la Reine de
Saba et dispense çà et là des louis d’or, déclarant par hérauts interposés, une
chasse enfantine semblable à la recherche des œufs de Pâques en chocolat
proposée aux bambins pour leur rendre tangible l’envol mythique des cloches
vers Rome, la ville éternelle, digne relais de Jérusalem.
Au terme de sa course,
la déesse se retire en son palais de verdure, niché sur un îlot protégé par les
cygnes.
Elle se débarrasse de
tous ses attributs et plonge dans l’eau pure d’une cascade épargnée par la main
de l’homme.
Escortée par les loutres et les castors, elle se livre
aux joies de la nage papillon puis rentre enfin dans son foyer, grignote
quelques biscuits secs et des baies, s’allonge sur un matelas de plumes d’oies
et s’endort dans un bruissement d’ailes.
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