Les oiseaux l’ont
annoncée et se sont réfugiés dans les roselières et les bambous, orchestrée par
des tambours célestes, la pluie, et elle est arrivée dans sa robe de perles,
réjouissant le cœur des paysans et des viticulteurs ainsi que celui des amants
d’un jour, sous la protection d’un parapluie décoré par les amoureux de la
Saint Valentin.
Vont-ils rester
ensemble toute leur vie ou se séparer sur un dernier baiser, le ciel redevenant
azuré ? Voilà la question que se posent les ouvrières, revenant chez
elles, le cœur battant, vivant par procuration l’amour qui ne semble pas leur
être destiné tant il est vrai que le proverbe « les belles plumes font les
beaux oiseaux » semble toujours être d’actualité.
Ma tante Marie,
aujourd’hui plus que centenaire, était très jolie mais elle se réfugiait, au
retour de l’usine qui fabriquait les dentelles pour les dames riches, dans des
ouvrages et des journaux de seconde catégorie écrits pour faire rêver les
laissées pour compte. Non, l’amour n’était pas pour elle mais elle se
complaisait à croire, l’espace d’une lecture réconfortante, qu’une jeune
servante pouvait être aimée par un beau châtelain riche.
Elle savait bien, ma
tante, que tout cela, n’existait que dans les livres et avec ses amies
ouvrières, d’un pas léger, elle chantait la romance dont une phrase se
détachait : « non, la vie n’est pas toujours rose » et
acceptait la pluie comme une amie sincère.
La pluie, cette mal
aimée des riches, était pourtant nécessaire à la floraison de la terre, de même
que sans le travail des ouvrières, les belles dames n’auraient pas eu ces
toilettes d’un soir, luxueuses et d’une beauté à couper le souffle.
« Je
reviendrai » chante la pluie, dans une robe gris perle ornée des pétales
de roses des jardins et nous valserons sur un air des Amants de Saint Jean.
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