Je l'ai aperçue qui marchait dans la nuit,
auréolée d’un halo de lune, la misère ! Elle était recroquevillée et
ressemblait à un oiseau tombé du nid.
Elle allait, sans but, sans toit, craignant
que des hommes à cœur de loup la pulvérisent et dispersent ses cendres aux
quatre vents.
Les yeux baissés, voilés par la frange
de ses cheveux, elle buta soudain sur un corps étendu à même le trottoir,
un compagnon de souffrance.
Elle voulut lui porter secours mais
l’homme se tendit comme la corde d'un arc et cibla sa gorge d'un poignard.
« Que fais-tu, mon frère ?
Nous sommes rivés à la même chaîne ». L’homme retroussa ses lèvres à la
manière d'un loup, découvrant une mâchoire où manquaient quelques dents.
La jeune femme se dégagea de son
étreinte et s'enfuit comme une ombre, ce qu'elle était devenue à force de
chagrins, de coups reçus et de mépris.
À peine avait-elle décidé d’en finir
avec cette vie de misère qu’une main douce et ferme prit la sienne et lui
glissa un bouquet de roses. L'homme ou l'ange disparut, la laissant respirer le
parfum de ces fleurs célestes où nichaient des pièces d’or, de quoi se trouver
un toit et se débarrasser de ses haillons.
La lune
nimba le personnage falot à visage de Pierrot et déposa sur son visage quelques
éclats qui brillèrent comme des soleils !
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