Drapée dans sa robe de
soie aux couleurs de soleil, de pourpre et de jeunes pousses, la princesse d’un
royaume en devenir se promenait le long d’un fleuve où glissaient des barques
chamarrées.
Elle trouva sur son
chemin un buisson de roses bleues qui embaumaient sous la brise. Elle eut la
surprise de les entendre parler. « Ne sois pas étonnée par notre couleur
si inhabituelle, princesse ! Nous sommes les roses des princes Touaregs
qui se meurent dans le désert.
Nous sommes là pour te
rappeler que nos princes et leurs suites ont le droit de cité et qu’il ne faut
pas les oublier ! »
Puis les roses se
muèrent en oiseaux et partirent au loin, se posant sur les pirogues et les
arbustes disséminés dans la nature. Une seule demeura et elle orna le cou de la
princesse, développant une mélopée harmonieuse « Je suis la rose de la
nuit. Jamais je ne te quitterai, à moins qu’un prince ne demande ta main ».
Elle exhala un parfum suave et s’illumina de minuscules diamants qui
étincelèrent au soleil.
La princesse retourna
en son palais où l’attendait un voyageur. Elle donna des ordres pour qu’on lui
attribue un appartement princier.
Après les ablutions d’usage,
le voyageur la rejoignit à la table du festin où s’amoncelaient pyramides de
fruits, de fleurs et de gâteaux de miel. Quelques brochettes d’agneau
accompagnées de semoule et de raisins secs formaient l’essentiel du repas.
Sirops de rose et d’orgeat circulèrent à la ronde parmi les invités et lorsqu’à
la fin du repas, on donna la parole au noble invité, il ne put s’exprimer que
par un chant ancien, si beau et si pur, que tous en eurent les larmes aux yeux.
Alors la princesse sut qu’il s’agissait de la demande
en mariage d’un prince et la rose qui ornait son cou s’évapora, laissant dans
son sillage une rivière de diamants.
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