Mes
princes à moi, ils surgissaient de la nuit dans les ruelles obscures et au lieu
de m’offrir des fleurs ou de dire des poèmes, ils se contentaient de sourire
comme si tout devait leur être accordé.
Bien
souvent, ils marchaient à mes côtés, m’exposant leur pauvre vie en s’enorgueillissant
de leurs méfaits et comme je n’applaudissais pas, je leur apparaissais alors
comme faite d’une autre chair que la leur et ils finissaient par partir sur un
dernier éclat, le miroitement de leur lame ou le procès-verbal de leur
condamnation. Ignorant la peur, je restais de marbre et continuais mon discours
tressé de roses et de lumineuses pensées et j’avais alors l’impression d’être
la reine d’un royaume d’ombres.
Seule
dans la nuit, j’attendais que revienne le temps de la chevalerie, des princes
dotés d’un idéal et je marchais sur les pavés de la ville dans l’attente d’un
galop et d’un cavalier solaire, en vain hélas ! Cependant je décidais que
les rêves devaient primer sur la sombre réalité et j’habillais ces silhouettes
de boulevard de lumière, leur offrant un œillet pour fleurir leur boutonnière,
espérant que ce geste les déshabituerait peu à peu de ces déchirures qu’ils
infligeaient à leurs ennemis.
Reine
d’un royaume d’ombres, je jetais d’abord aux arbres puis aux feuilles velours
la caresse des mots qui effacent la cruauté du jour.
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