Au
fin fond des forêts, dans une maison de verre et de bois où chantaient les rossignols,
un vieil homme méditait, feuilletant le livre de sa vie.
Jadis
il avait chevauché aux quatre coins du monde, aidant la veuve et l’orphelin et
s’arrêtant pour redonner à son corps la vigueur nécessaire. À l’occasion de ces
haltes salutaires, il se plongeait dans les romans de chevalerie qui avaient
ravi son enfance, n’hésitant pas à lire le contrepoint de Cervantès, génial
créateur de Don Quichotte, cet original qui croyait voir des géants en place de
moulins à vent !
À présent, il attendait
sagement la venue d’hôtes, comme dans les romans.
Comme
ils tardaient à venir, il prit son bâton sculpté de naïades et partit à leur
rencontre.
Il
ne vit que biches, lièvres et sangliers. Mais en arrivant auprès d’un cours d’eau,
une beauté l’interpella d’une voix qui l’inonda d’amour en dépit de son âge.
La
belle réclamait son aide pour qu’il passe un onguent sur son corps magistral,
séché dans un lit de pétales de roses.
Notre
sage fit appel aux règles de la courtoisie et accéda à toutes les demandes de
la belle qui s’endormit au creux de ses reins.
Le
lendemain, il s’aperçut avec surprise qu’il reposait dans un berceau de
serpents.
Il
sortit une flûte qui ne le quittait jamais et réussit à les charmer
suffisamment pour qu’il puisse les jeter en une besace où il conservait du pain
pour les oiseaux. Délesté de cette charge, il reprit le chemin du retour, le cœur
léger et bien lui en prit car lorsqu’il ouvrit la porte, elle était là, la
belle des belles ! Elle avait allumé un bon feu, préparé une jolie table
et un fumet délicat s’exhalait de la marmite placée sur un trépied de fer forgé
au sein de l’âtre.
Le sage sut alors qu’il
avait trouvé le bonheur pour toujours !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire