Dans notre imaginaire,
les gitans occupent une place de choix, témoin l’admirable chanson magnifiant
leur goût du voyage.
De plus, ils sont
présents dans la littérature française notamment in Le Grand Meaulnes et sont
magnifiés dans la cinémathèque. Porte des Lilas reste un monument à la gloire
de ceux qui préfèrent vivre à la marge de la société qui les a rejetés. Toutes
ces situations nous sautent au visage aujourd’hui, en ces jours où l’on
n’accepte plus de côtoyer les exclus.
J’ai vu un jour, sur
une petite aire dans un village breton une jolie roulotte, pimpante, au repos
afin de permettre au cheval de brouter un peu. Le couple était assis dans
l’herbe. Un homme très séduisant et bien vêtu, à la mode du voyage, portant
fièrement un chapeau, brossait amoureusement les cheveux de sa compagne tandis
que leur petite fille jouait à faire des bouquets de fleurs. J’aurais aimé leur
parler mais que dire ? Devant tant de beauté, je me sentais si misérable
avec de pauvres mots pour unique paysage. Je les sentais si impérieux, si riches de toutes ces images
engrangées au cours de leur périple que j’ai baissé la tête, consciente de mon
infériorité. Que dire du prince des gitans, Django Reinhardt dont on aime
toutes les compositions ? Alors aujourd’hui, alors que l’on chasse ces
pauvres gens pour prétexte de leur misère, ne sait-on pas si l’on expulse un
petit garçon plein de génie ou une fillette au talent qui nous fait
défaut ?
Je vois, parmi ces flots de voyageurs expulsés de leur
camp de misère, quelques hommes qui ont un accordéon sur l’épaule et j’ai envie
de les retenir et de leur dire : de grâce, apprenez-nous à en jouer !
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