Tandis qu'Aude faisait des rêves d'or où Victor tenait lieu de prince charmant, on tira au sort le nom de l'audacieux chargé de trouver la flûte enchantée et de la rapporter.
Le sort désigna Florian surnommé le magnifique en raison de sa belle chevelure bouclée.
Son bagage fut vite préparé et il prit la route prestement en jouant de l'harmonica pour s'encourager à partir vers son destin;
Vienne, la ville des valses et de Mozart aux divins opéras, au nombre desquels figurait précisément La Flûte enchantée lui semblait être l'endroit de la nécessaire trouvaille.
Il marcha longtemps, s'arrêtant à la nuit tombée, à la fortune du pot, festoyant parfois dans des châteaux ou dormant chez des viticulteurs ou des paysans qui lui offraient les fruits de leur labeur.
Il s'émerveilla notamment de la qualité du pain et se promit d'en confier la recette au boulanger à son retour.
Chocolatines, croissants et babas à la fleur d'oranger complétaient ces recettes de pain d'antan.
Une pierre dans le jardin des roses ? se dit-il plaisamment car outre ses beaux cheveux, Florian le magnifique était célèbre pour son âme de poète;
De temps à autre, il notait thèmes et phrases qui lui venaient en contemplant les paysages ou les beautés qui s'offraient à lui.
Des lettres d'amour naissaient spontanément sous sa plume lorsqu'il croisait un beau regard mais il ne perdait pas de vue l'objet de sa mission et il redoublait de vivacité pour approcher du but.
Un heureux hasard lui offrit la chance de se rapprocher de la ville enchantée plus commodément. Une troupe de comédiens qui partait interpréter Les Jeux de l’Amour et du Hasard dans la ville mythique lui enjoignit de se joindre au groupe. Ils avaient précisément besoin d'un musicien et Florian leur plut par son art de jouer mille airs charmants à l'harmonica.
Ainsi intégré à la troupe, Florian ne vit pas le temps passer, donnant son récital personnel de ville en ville et c'est ainsi qu'il arriva à Vienne, précédé par une belle réputation là où gisait le trésor symbolique qui contribuerait à la résolution de l'énigme.
On l'accueillit les bras ouverts et chacun se fit une joie d'organiser une fête au cours de laquelle il donnait une prestation de qualité.
L'harmonica devint à la mode et bientôt tous les enfants en réclamèrent à leurs parents.
Un jour, alors qu'on lui demandait ce qu'il était venu faire à Vienne, il lança : " manger de la sachertorte, boire des cappuccinos et rapporter la flûte enchantée.
Ce qui passa pour une boutade fut suivi d'effet et les dons affluèrent.
Offrant les pâtisseries aux enfants, il n'eut bientôt que l'embarras du choix concernant les flûtes.
L'une d'elles néanmoins attira son attention: c'était une flûte de cristal et elle était ornée de roses d'or et de grappes de mimosas.
Ces indices lui laissèrent à penser que c'était bien la flûte qu'on lui réclamait.
Il donna un ultime récital et prit la route du retour. Une dame fortunée lui fit don d'un carrosse et d'un bel équipage. Le coffre empli de trésors légués par ses admirateurs ainsi que de victuailles destinées aux provisions de bouche du voyage, le carrosse s'élança sur la route du bonheur.
Lorsqu'il arriva à destination, Florian fut acclamé. Un virtuose joua un air de flûte et les deux tours qui emprisonnaient les roses d'antan s'effondrèrent pour libérer des allées de roses prodigieuses poudrées d'or. Chaque habitant reçut une rose magique et trouva le bonheur.
Attiré par le renom du village aux mille roses, chacun eut à cœur de prendre sa part de bonheur dans tout le royaume et cet afflux fut à l'origine d'une foire dont on vanta les vertus et les échanges commerciaux.
Victor revint prendre des nouvelles d’Aude et renonça, pour elle, à sa vie itinérante en jouant du violon, ce qui enchanta l'âme des habitants.
Il se produisit aux alentours, accompagné par Florian à l'harmonica et tous deux furent célèbres jusqu'à la fin de leurs jours.
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