Où l'on
reparle de la langue britannique et de sa civilisation basée sur
l'insularité...
Tandis que
tout un chacun se remettait des crimes perpétrés au nom de la barbarie et que
chaque prétendant au château criait qu'il avait la solution pour mettre fin à
l'insécurité, on vit refleurir avec les derniers soubresauts de l'été, un
campement sauvage nommé jungle.
Était-ce
pour établir un lien avec le livre connu dans le monde entier sous le titre de
Livre de la jungle que ce nom peu amène pour un royaume qui se targuait de
civilité fut trouvé ?
Y avait-il
également un clin d’œil destiné à la "perfide Albion" qui portait
plus que jamais ce surnom donné par "les mangeurs de grenouilles" au dix-neuvième
siècle ?
Je vous
laisse le soin de mener l'enquête et de trouver une réponse.
Pour ma
part, au vu des reportages qui nous sont offerts, notamment en temps de pluie,
je suppose que ce nom a jailli spontanément au cœur des infortunés migrants que
chacun s'ingéniait à repousser, au mépris des droits de l'homme. Quant aux
Droits de l'enfant, ils étaient également bafoués puisque l'on put dénombrer
neuf cents mineurs, la plupart d'entre eux espérant en vain pouvoir rejoindre
des membres de leur famille installés sur l'île de toutes les convoitises.
S'il n'y
avait sur les lieux de ce campement sauvage aucune luxuriance propre à la
jungle, la loi du plus fort prévalait et il arrivait que des rixes se terminent
par des morts d'hommes ou que des femmes subissent la sauvagerie de certains
êtres plus dangereux que la panthère du livre.
Combien de
petits Mowgli pataugeaient dans la boue du camp fait de bric et de broc,
comprenant même échoppes, salons de coiffure et beauté et aussi une école ? Les
associations se dévouaient pour dispenser les premiers soins et offrir des
repas nécessaires à la vie.
De plus,
certains scribes volontaires aidaient des personnes désireuses de s'établir
dans le royaume pour constituer des dossiers.
Quant à ceux
qui voulaient absolument rejoindre l'île de leurs rêves, fût-ce à la nage, on
les aidait également avec le recours d'interprètes car la langue française leur
était pour la plupart inconnue, contrairement à l'anglais qu'ils avaient appris
puisqu'ils étaient les descendants de familles colonisées par la Couronne.
Cependant,
tandis que les Français s’ingéniaient à accueillir autant que faire se pouvait
les enfants de leurs anciennes colonies, les Britanniques semblaient estimer
que le legs de la coutume suffisait pour les dédommager du dédain qu’ils avaient
eu vis-à-vis d’indigènes.
De plus le
souvenir cuisant de Gandhi qui avait eu raison de la domination anglaise en filant
et cousant ses vêtements afin de mettre un terme aux manufactures britanniques
incitait la couronne, toujours vivace, à rester sur son Aventin, en l’occurrence,
son île sacrée.
Accueillir,
oui, mais avec parcimonie et sélection
judicieuse. Ne pas perdre de vue les intérêts de la couronne. Aider, oui
mais pas au détriment des sujets de sa gracieuse Majesté !
Dans le
royaume des Tulipes, ce souci majeur était escamoté au bénéfice de ceux qui
venaient d’ailleurs et qui devaient
avoir droit au meilleur en raison de leur exil forcé.
La misère du
camp où guettaient à l’affût tire-laine, coupe-jarrets, spadassins, escrocs en
tout genre voire assassins contrastait avec le luxe qui fut jadis déployé par
le Roi de France François 1er pour accueillir le roi Henri VIII
d’Angleterre en un lieu mémorable, charmant et luxueux que l’on nomma le Camp
du Drap d’Or.
Si un roi
puissant était venu d’Angleterre pour parler en lieu neutre sur les plages
françaises pourquoi la réciproque n’était-elle plus possible ?
Brighton ou
autre port, Douvres notamment étaient-ils plus sacrés que notre belle ville de
Calais, prise et reprise tant elle offrait de charmes durant la guerre de Cen
Ans et pour qui une reine d’Angleterre s’était écriée « Si l’on ouvrait
mon cœur, on y verrait gravé le nom de Calais » ?
Toute cette
misère ambiante aggravée par de riches voyous qui faisaient des allers- retours
de l’île de tous les désirs au camp de la mort augmentait l’aura et le charisme
de la blonde Stella qui mettait ses légions en marche, à l’assaut des villages
apeurés où circulaient des rumeurs affolantes et assassines.
Lorsqu’on se
promenait dans les rues paisibles de ces bourgs dévoyés, on se demandait
pourquoi cette peur frénétique de celui qui vient d’ailleurs, même d’un village
voisin, s’était emparée de ces âmes fragiles mais il en était ainsi. Ce qui est
obscur, et incompréhensible devient sacré.
Et Stella
marchait sur les flots du désir malsain de ces vils illettrés qui croyaient
revivre des épisodes moyenâgeux et brandissaient l’oriflamme de Jeanne d’Arc
pour bouter les ennemis hors du royaume, faisant un tout de la couleur, d’un
accent différent voire de tenues vestimentaires.
Ils étaient
autres, il fallait donc les chasser sans même prendre le temps de les écouter
ou même de regarder leur visage et de plaindre leur fol exode avec femmes et
enfants pour échapper à la guerre, à la mort certaine pour un sourire ou le
parfum d’une fleur.
Semblable
aux étoiles de mer que l’on admire sur les plages mais qui vous piquent
cruellement si vous avez le malheur de marcher dessus, Stella souriante, fière
d’être blonde et d’appartenir à une famille qui avait créé la haine de celui
qui ne vous ressemble pas, avançait comme une reine mérovingienne, prête à
toutes les cruautés pour imposer sa gouvernance. Afin de masquer sa férocité,
elle parlait de son chat sur les réseaux sociaux et faisait pleurer dans les
chaumières en imposant une pseudo bonté qui lui était totalement étrangère.
Et c’est
ainsi que s’installa dans le royaume des tulipes la croyance folle qu’elle
était la réincarnation de la Pucelle d’Orléans et qu’elle délivrerait leur
monde de la jungle de Mowgli et de ses pareils, le couteau entre les dents pour
vous précipiter en enfer.
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