Je me
présente : je me nomme Marguerite-Marie Roze, née Denimal. Je suis née dans le
Nord et j’ai vécu jusqu’à l’âge de 30 ans dans ce pays chti si longtemps
décrié, si magnifiquement mis à la mode par Dany Boon aujourd’hui.
Dans mon
dernier livre Contes des royaumes oubliés, la nouvelle liminaire porte un nom
en langue picarde : L’accordéoneu. J’avais écrit ce texte avant la parution du
film. Une petite phrase tournait en moi comme une ritournelle : « On l’appelait
ainsi l’accordéoneu…» Il ne me restait plus qu’à écrire la suite. Certes, ce
n’est pas la première fois que je donnais à ma région natale « ma préférence à
moi ». Dans mon premier livre de contes, Contes du grand ouest où cascadaient
les contes inspirés par la région où je vis actuellement, les Landes, je
terminais cet ouvrage par une nouvelle intitulée La péniche bleue qui
concrétisait les rêveries que j’éprouvais, adolescente, en me promenant sur les
berges du canal, seul lieu qui pouvait se référer à la nature dans ce pays
minier où mon père avait fini par échouer. C’est cette nouvelle que le
journaliste Jean-Louis Le Breton a souhaité que je lise pour clore l’interview
qui m’était consacrée sur une station locale au nom évocateur : Radio
d’Artagnan.
Dans le
recueil À l’ombre des cerisiers en fleurs, je rends hommage aux créations des
tullistes qui ont fait la fortune de la petite ville de Caudry, berceau de ma
famille.
Mais
pourquoi tous ces contes, me direz-vous ? Pourquoi avoir privilégié ce mode
d’expression ? C’est sans doute parce qu’il permet d’aborder par un biais qui
se veut plaisant tous les thèmes variés que l’on rencontre dans la vie. Il y a,
bien sûr, la réactivation des contes célèbres. Le domaine du chat botté dans À
l’ombre des cerisiers en fleurs est une suite du fameux chat botté de Perrault.
Dans certains contes, les animaux ont une place prépondérante. Je me suis
référée à la thèse de Bruno Bettelheim qui donne un sens à cette présence
animale. Lorsque les jeunes filles ne sont pas prêtes à rencontrer l’amour, il
est bon que l’écrivain mette sur son chemin un animal qui l’aidera à comprendre
les méandres de l’amour.
Dans mes
contes, on voit des chats, des oiseaux, des loups et chaque fois, cet animal
n’est pas présent pour le décor mais bien pour apporter une touche à l’édifice
qui est en train de se construire.
Les contes
du temps présent offrent une perspective différente. Je m’inspire de la réalité
de notre temps, parfois de celle qui fait mal, parfois de l’engouement pour le
football décuplé depuis la coupe du monde gagnée en 1998, le siècle dernier !
Cette pirouette pour expliquer que certains joueurs sont entrés dans la
légende. Dans le conte Le Talisman, un joueur est nommé l’idole. Il n’est pas
nécessaire de préciser son nom. Dans ce recueil, je fais la partie belle à la
chanteuse Diams dont j’admire le talent et la fougue.
Il arrive
également que certains contes fassent référence à la haute gastronomie
française. De grands noms sont prononcés, notamment celui de Bernard Loiseau.
Quelques cartes sont proposées, dont celle de Francis Chauveau au restaurant
les Pêcheurs à Antibes. C’est avec leur permission que j’ai reproduit les
plats, entrées et desserts proposés sur leur carte. Si certains plats vous
intéressent, vous les trouverez réellement en déjeunant chez eux ! Sinon,
faites comme moi, contentez-vous de rêver !
Certains
contes me sont inspirés par une image, un mot, une scène. Ainsi dans La
Princesse Etoile qui aura de nombreuses suites, la trame de l’histoire m’a été
donnée par l’observation d’un tableau charmant. A la fin de l’été, une pluie
bénéfique avait creusé près du rideau de bambous qui ornent mon jardin un
jacuzzi improvisé et j’ai pu me délecter d’une scène charmante : un oiseau
s’élançait dans ce bain et s’ébrouait avec ravissement. Je livre la première
phrase du conte : « C’est en voyant un chardonneret s’ébrouer dans un jacuzzi
improvisé dans le rideau de bambous que Clémentine prit la décision de partir
au-delà de la colline pour découvrir le monde. » À l’auteur de jouer ensuite
pour prendre le relais. Heureusement une brave fée erre dans mes livres, elle
est parfois nommée, la fée des lilas, mais elle aime apparaître sous les traits
d’une vieille dame, comme dans Les fées ne meurent jamais, conte qui ouvre À
l’ombre des cerisiers en fleurs. Elle n’abandonne ni les mignonnes jeunes
filles harcelées par un prince méchant ou la dureté des temps ni l’auteur qui
risquerait de connaître la panne.
Un rien peut
me servir de déclic. Ainsi ai-je écrit Le prince au torque d’or à partir d’une
simple pancarte à l’entrée de Mont-de-Marsan située dans les Landes : La ville
aux trois rivières. La phrase initiale du conte est très simple : « En ces
temps-là, les rivières allaient par trois ». Puis il fallait créer un
personnage à la hauteur du cadre : « Un prince venu du Nord chevauchait avec
une redoutable efficacité ». Quant à ses aventures, elles m’ont été inspirées
par le souvenir de l’engouement de mon plus jeune fils pour les jeux vidéo. A
la recherche d’indices qui doivent lui permettre de trouver la princesse, il
franchit les portes de plusieurs palais et en retire soit un joyau soit une
déconvenue en forme de retour à la case départ. Cependant je n’écris pas de
conte qui privilégie uniquement l’aventure. Même si elle est constamment présente,
je lui associe les valeurs humanistes universelles, l’amour des êtres humains,
la lutte contre les fléaux, la guerre, l’importance donnée aux enfants, à leur
éducation, aux activités artistiques, à la poésie qui illumine le monde.
Dans tous
mes ouvrages, j’ouvre la porte à cette poésie qui m’a donné le goût de
l’écriture. A l’âge de dix ans, j’ai écrit mon premier poème lors d’une étude
du soir à l’internat que je vivais très mal. A l’époque mon unique ami était un
arbre que j’apercevais au dortoir. J’aurais voulu quitter cet univers cruel et
enviais Peter Pan. Pas étonnant qu’on retrouve ce merveilleux personnage dans À
l’ombre des cerisiers en fleurs !
Que
n’aurais-je pas donné pour fuir le latin que j’ai enseigné pourtant avec
bonheur durant les premières années de ma vie professionnelle !
Quant à la
poésie, je ne l’ai jamais oubliée et je lui accorde une place prépondérante
dans Les nuits bleues du rossignol, lui offrant l’amour pour unique compagnon.
J’ai également privilégié les textes courts à portée poétique, parfois
historique. Ces textes forment la traîne des féeriques personnes qui évoluent
dans mes ouvrages, rencontrant parfois des êtres voués au malheur. Chez Boucle
d’or dans Contes du grand ouest présente un personnage qui m’a été inspiré par
Patrick Diils et sa terrible histoire. De même Eveil au monde dans Contes du
temps présent propose une petite fille à tête d’ange, au grand cœur. Elle
souhaite aider tous les enfants malheureux puisqu’elle a la chance d’être
riche, belle et en bonne santé. Ce sont les filles de Jean-Pierre Papin qui
m’ont inspiré cette histoire car s’il a des filles qui ressemblent à « la fée
de 10 ans » qualifiée ainsi par le comité de lecture de Publibook, il a aussi
une fille qui souffre et pour qui toute la famille, y compris « les petits
anges » se dévoue soir et matin.
Au lycée de
Douai où je souffrais terriblement, les contes de fées m’apportaient du
réconfort. De plus, j’ai fait la connaissance en classe de cinquième du monde
de la chevalerie et je me suis trouvé un relais culturel. Les légendes de
Brocéliande, la geste Arthurienne m’ont fortement impressionnée et l’on
retrouve tout naturellement cette source d’inspiration dans bon nombre de mes
contes, les plus étoffés étant La rose noire dans Contes du temps présent et
Les compagnons de la rose noire dans À l’ombre des cerisiers en fleurs.
Toutefois je
leur donne une dimension universelle qui n’existait pas dans les textes
originels. J’aimerais que cette lutte sourde entre les deux mondes révélés à
l’époque des croisades, le monde oriental et le monde occidental avec le choc
des croyances et des coutumes prenne fin. Tout serait si simple si nous nous
acceptions tels que nous sommes, avec notre histoire, en toute fraternité. Je
milite donc à mon niveau pour que cessent ces querelles. De nombreux contes
portent cette empreinte de tentative de bonheur universel.
Mais je
crois, à présent, qu’il est temps que je m’efface et que je vous souhaite bonne
lecture de ces contes et nouvelles que j’ai écrits, pour ma part, avec beaucoup
de bonheur. J’attends à présent les remarques des lecteurs, leurs dessins
peut-être. Peu douée pour le dessin, j’éprouve une grande admiration pour ceux
qui maîtrisent cet art. Il en va de même pour les couturiers, les brodeuses que
l’on rencontre souvent dans mes livres et tous les artistes de manière
générale.
Mais chut,
retirons-nous sur la pointe des pieds….
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