Les pieds nus, elle marche dans la
poussière des chemins en s’imprégnant des parfums floraux divers.
Une petite fille lui
offre une couronne d’églantines qu’elle coiffe avec plaisir et pour
remerciement, elle donne une étoile à l’enfant. Libérée, elle lui montrera la
route de la sagesse.
Le soir, elle s’arrête
près des roulottes et ses beaux cheveux dénoués, elle danse au son des guitares.
Elle dort à peine dans
un hamac noué entre deux peupliers et reprend sa route à l’aube, après avoir dégusté
des galettes chaudes et bu un excellent moka.
« Où vas-tu ? »
lui demande la cartomancienne. « Tu le sais très bien puisqu’il te suffit
de tirer une carte lorsque je serai partie » répond la fée en souriant et elle part, non
sans avoir donné des pièces d’or pour récompenser les hôtes de son royaume.
Effectivement Luisa
tire les cartes mais la reine de cœur prend le visage de la fée et elle demeure
rêveuse face à ce sortilège qu’elle n’a jamais connu.
Au soir de sa longue
marche, la fée tsigane demande l’hospitalité dans un charmant village ancré
dans l’histoire. Henri IV dit-on y aurait séjourné. Mais la vue de ses pieds
nus inquiète les habitants et ils lui ferment leur porte avec une certaine
insolence.
Seule une porte s’ouvrira,
c’est celle d’une romancière qui accueille la fée avec beaucoup de bonheur. Le monde
tsigane ne lui est pas étranger. Sa mère rêvait de roulottes et son amour
personnel pour la dentelle est ancré en son cœur.
Alors la fée fait
jaillir de ses manches un flot de dentelles et du cristal de Bohême puis elle
demande à prendre un bain pour se défaire de la poussière du chemin.
Ensuite elle revêt une robe d’hôtesse, prend une
légère collation et s’endort dans une jolie chambre fleurie. Le lendemain, elle
quitte sa nouvelle amie, lui assure qu’elle reviendra et elle reprend sa longue
route, la guitare de Django Reinhardt
sur le dos.
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