Le Faucon
Alors que le pays était plongé dans une liesse totale, une
victoire sportive s’étant imposée avec éclat, une affaire diligentée par les
ennemis du président, fut proposée à tous les médias de France et de Navarre
qui s’en saisirent avec jubilation et frénésie. On vit jaillir de partout des
défenseurs des valeurs républicaines et d’aucuns qui se plaignaient de la
longueur des débats à la Maison du Peuple, parlant même de burn out,
retrouvèrent subitement un regain de vigueur et hantèrent les couloirs de la
Maison, prenant part avec passion aux diverses commissions diligentées avec
zèle pour approfondir le champ des responsabilités.
Or, de quoi s’agissait-il en fait ? De la volonté de
mettre un terme aux agissements violents de personnes venues aux abords d’une
manifestation pacifique pour semer le désordre, ce à quoi voulut mettre fin un
homme chargé de la sécurité au plus haut niveau de l’état, que nous appellerons
Le Faucon pour éviter un télescopage avec la déesse Athéna.
Les hommes du désert affectionnent la chasse au faucon et
prennent un soin infini de ces rapaces qui s’emparent d’une proie avec une
précision chirurgicale, digne de l’admiration la plus vive.
Une flopée d’images circula sur tous les circuits
médiatiques, montrant le Faucon, aux aguets, dans bon nombre de déplacements du
président, allant de la promenade à bicyclette aux allées et venues élyséennes
pour diverses commémorations et bains de foule.
Il y avait un contraste saisissant entre l’attitude
décontractée, souriante ou grave et réfléchie selon les cas du numéro un de l’état
et l’extrême attention du Faucon, semblant avoir mille yeux pour mieux voir et
appréhender le danger aux fins de le prévenir.
Qui jouera, à présent, le rôle du Faucon alors qu’on vient
de l’écarter ? Voilà ce qui devrait nous préoccuper car nous vivons dans
un monde dangereux où l’assassinat peut même être envisagé par des ennemis de
la république.
Sous couvert de la vertu au sens romain du terme, ces
ennemis semblent prêts à toute extrémité, au nom du Peuple qui, en l’occurrence,
a bon dos car c’est en l’invoquant que des individus ont commis les pires
horreurs.
Souhaitons que ne revienne jamais le temps de la Terreur
avec toute sa kyrielle d’atroces assassinats !
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