Après le départ de Louison, Valentin connut des jours moroses. Il s’en tenait à ses activités quotidiennes. Chaque jour, il faisait des tentatives d’écriture pour remplacer le conte qui emprisonnait sa belle amie mais l’inspiration lui échappait et la page restait désespérément blanche.
Un jour, alors qu’il cueillait délicatement des crocus contenant le pistil safran, il aperçut une jeune beauté vêtue d’un kimono rouge portant une ombrelle pourpre.
« On me nomme Capucine. Je suis venue vous secourir pour la mise en forme d’un conte inédit. Si mon apparition vous séduit, vous ferez de moi l’héroïne de votre histoire. Il vous suffira de créer des attaques de dragons pour pimenter l’action et d’imaginer un prince charmant capable d’affronter ces créatures légendaires pour que votre récit soit étoffé et palpitant ».
Valentin remercia Capucine et prétendit pouvoir élaborer une intrigue sans recourir aux dragons qui ne faisaient pas partie de sa culture. Capucine sourit et accepta son bras.
Chez lui, pour son invitée, Valentin cuisina une cassolette de fruits de mer et de coquillages au safran ainsi qu’une écrasée de topinambours.
Une île flottante rappela aux deux insulaires les charmes secrets de ces cailloux émergeant des coraux..
« Vos yeux ont la mouvance des vagues, douce amie et je pense tenir le début de mon intrigue : N’êtes-vous pas la descendante de la déesse Vénus venue au jour dans un coquillage géant, simplement vêtue de sa chevelure et de cascades de perles ?
C’est un début charmant » concéda Capucine et elle s’empressa de se retirer dans ses appartements pour que Valentin lâche la bride de son imaginaire et écrive l’histoire destinée à libérer Louison de la prison du livre.
Il écrivit jusqu’à l’aube et s’endormit profondément, sa plume noircie d’encre à la main.
Capucine le couvrit avec tendresse, s’élança vers la mer et revint à midi avec un chargement de poissons frais. Elle cuisina une daurade en maniant les épices généreusement.
Le fumet du plat réveilla Valentin qui s’excusa de s’être ainsi endormi, manquant à ses devoirs d’hôte.
Capucine le mit à l’aise en le félicitant d’avoir écrit un conte plein de charme qui permettrait à l’élue de son cœur de revenir à ses côtés.
« Je resterai quelques jours avec vous pour vous soulager des tâches quotidiennes. L’effort cérébral que vous avez fourni est si intense qu’il faudra vous reposer. Ensuite, vous placerez le conte dans l’ouvrage trouvé dans la malle et enverrez le manuscrit aux éditions Lebonconte qui préparera sa publication ».
Valentin remercia Capucine pour cette aide inestimable et il se laissa aller au cours des jours, s’en remettant totalement à cette amie en féerie qui lui permettrait de retrouver l’élue de son cœur.
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