dimanche 20 juillet 2025

Soizic, Fleur de dentelle

 

 



Près du Val-sans-Retour, à Tréhorenteuc, vivait une jeune brodeuse nommée Soizic dont chacun vantait les talents.

Elle partageait son temps entre son atelier, son comptoir de vendeuse et sa petite maison où flottait un parfum d’asphodèle.

«  Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle » Cet extrait de Booz endormi de Victor Hugo avait bercé son enfance et elle avait jeté son dévolu sur cette plante si particulière dont les sépales l’inspiraient pour ses broderies.

Une coiffe faite par Soizic valait son pesant d’or tant elle se distinguait par son raffinement et son originalité.

Soizic travaillait énormément et lorsqu’il lui arrivait d’éprouver de la fatigue, elle partait sur les sentiers menant à la fontaine de Barenton ou à la fontaine de jouvence.

Un soir, près du Miroir aux Fées, elle aperçut un barde qui chantait une romance en s’accompagnant d’une harpe celtique. C’était si beau, si surnaturel et en même temps si harmonieux et adapté au site que Soizic hésita à se montrer pour ne pas interrompre cette ode à la beauté.

Lorsque le barde se tut, elle s’approcha presque dévotement et lui adressa son plus beau sourire.

« On me nomme Soizic. Je suis brodeuse. Si vous souhaitez porter une chemise de lin brodée par mes soins, c’est avec plaisir que je vous l’offrirai en remerciement de ce moment de grâce.

C’est avec joie que je porterai cette chemise, belle Soizic. Mon nom est Alan, je suis barde et je vais de ville en ville donner des récitals qui rappellent à tous que la Bretagne est une terre d’exception et que ses habitants attendent le retour du Roi Arthur pour la reconquête du Graal ».

Peu habituée à ce langage et cette vision quasi ésotérique, Soizic se contenta de dire qu’elle proposait de faire sauter des crêpes au coin du feu et de cuire sur le billig ou plaque circulaire pour les profanes, des galettes de sarrasin garnies, selon la demande, d’andouille de Guémené, de saucisses ou d’appareil crémeux au fromage, jambon et œuf miroir.

«  Voilà qui est plaisant et je me rends bien volontiers à votre invitation » dit le barde et ils partirent tous deux vers la maison de Soizic, toujours parfumée de roses et d’asphodèles.

Le repas fut à la hauteur du talent de la jeune fille. Alan savoura en outre de la cervoise Lancelot et des bolées de cidre puis il fut heureux de s’entendre proposer une chambre d’ami.

Ils se quittèrent en se souhaitant une bonne nuit. Leurs rêves furent habités par des vols de cigognes et ils crurent entendre le bruit des sabots annonciateurs du retour des chevaliers de la Table Ronde.

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