Accueillant chaque invité à la mode orientale en traitant chacun avec la même déférence, Houria, la reine des cœurs perdus mit les postulants dans une situation de réussite inédite.
Les plaisirs gourmands furent appréciés à leur juste valeur puis sur un signe royal, l’orchestre se mit en devoir d’unir les corps dans une féerique démonstration musicale.
Rompant avec leur timidité habituelle ou le désir de s’enfermer dans une tour d’ivoire solitaire, les cœurs perdus sentirent un émoi inhabituel les envahir et ils se laissèrent aller aux joies de l’instant.
Marguerite, emmurée dans le sarcophage de la solitude depuis des lustres eut l’impression qu’un iceberg s’effondrait au tréfonds de son être et rêva le temps d’une valse à une possible communion des corps. Son cavalier à l’allure altière, d’origine hongroise, avait de son côté l’impression de renaître. Une dernière charge de cavalerie sur un champ de bataille de ses ancêtres lui avait concédé un linceul de brume.
Claquemuré dans son château, il avait troqué son surnom de Laszlo le Magnifique en celui de Chevalier Fantôme.
Au son de la Csardas, la belle Marguerite dans ses bras, il se sentit renaître à une seconde jeunesse. Le masque du fantôme tomba et il retrouva sa prestance de Laszlo le Magnifique.
L’éclosion de ce couple improbable ouvrit la voie à d’autres rencontres, ce qui réchauffa le cœur d’ Houria.
Le bal de la dernière chance fut un succès.
Bien rares ceux qui repartirent dans leur domaine, le cœur corseté d’acier !
Il faudra que je songe à un nouveau subterfuge pensa Houria pour atteindre les âmes endurcies.
Les écureuils, les biches et les lièvres qui avaient échappé à la mise en terrine applaudirent l’exploit de leur reine, offrant une piste pour réunir les âmes esseulées reposant sur le principe d’une chasse au trésor en forêt.

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