Dans un bouquet de
roses un ange sommeillait. Un éclat de lune lui offrit le mouvement et il s’envola
vers les cités sombres où s’enlisaient des enfants désemparés tandis que des
mères abandonnées par un mari collectionneur de beautés œuvraient sans relâche
dans des emplois précaires.
L’ange donna çà et là
un peu de sa lumière et chacun repartit d’un pas un peu plus sûr vers un azur
imaginaire qui semblait réservé à ceux qui avaient eu un berceau doré.
Sur son parcours, l’ange
trouva un nouveau-né abandonné dans une jardinière de fleurs. Saisissant l’anneau
de l’ange comme un hochet, le petit être le fit glisser sur sa joue et il en
fut transfiguré.
Une jeune femme qui
passait par là en tenue de bal fut éblouie par la beauté de l’enfant qu’elle
prit spontanément dans ses bras. L’ange lui donna sa bénédiction et la belle en
mal d’enfant partit en emmenant son trésor à qui elle donna le nom de Moïse.
Heureux d’avoir sauvé
deux êtres, le bébé et la malheureuse qui l’avait abandonné pour cause de
pauvreté, l’ange repartit dans son univers, rêvant de constituer une cohorte d’anges
sauveurs chargés de rétablir l’ordre humain dans les cités sombres pour qu’elles
accèdent enfin à la lumière. Puis il ferma les yeux et de ses paupières
gonflées par le parfum des roses, se distilla une fragrance mauve qui rejaillit
sur le monde, lui rendant sa beauté originelle, celle de la mer, des rivières
et des lacs. La nature explosa, libérant des lianes de fruits et de fleurs et
la beauté de l’ange pulvérisa les barques sombres des humeurs citadines
croulant sous les tavernes, zébrant cet univers de fulgurances turquoise et or.
Et c’est alors que, grandissant à la manière d’un
hercule, le petit Moïse, devenu philosophe, partit à son tour pour rechercher
celui qui lui avait sauvé la vie, l’ange des origines sous la splendeur lunaire
d’astres en éveil.
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