Dans la nuit de l’exil, les chevaliers
bannis attendent le signal qui leur permettra de regagner leur royaume. Leurs
chevaux sont transis et il y a bien longtemps que des bras caressants n’ont pas
donné de frissons à leur échine meurtrie.
Ils dorment sur leurs chevaux et
rêvent qu’elle arrivera bientôt, la dame blanche de la réconciliation, pour
chevaucher à ses côtés vers le salut.
La lune est leur amie
dans cet univers hostile et les hiboux les bercent et hantent leurs rêves de leurs
ailes grises.
Mais voici qu’elle
arrive la dame aux yeux d’émeraude, ses longs cheveux blonds flottant sur sa
cape de velours noir. Elle monte une jument blanche et ses étriers étincellent
dans la lueur du jour.
Ils chevauchent en
silence à ses côtés, penauds de devoir leur salut à une femme, fût-elle de
qualité et d’une grande beauté.
Leur âme noire est
incapable de bonté, néanmoins leur reine, car c’est bien elle, a décidé de les gracier.
Elle a besoin de son ban et de son arrière ban car son royaume est en
difficulté et ces chevaliers dépourvus d’idéal ont cependant l’habitude de
manier la hache avec aplomb. Toutes les armes leur sont familières et ils
n’hésiteront pas à faire usage de la ruse s’ils sont en nombre inférieur face à
l’ennemi.
Après une bonne nuit passée au château et un repas où
altèreront cygnes rôtis, cuissots de chevreuil marinés, poulets à la broche et
pâtisseries au miel, le tout arrosé de cervoise et de vin de Cahors, le vin
cher aux Anglais, ils partiront en guerre en poussant des cris rauques et des
vivats en l’honneur de leur Reine !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire