samedi 9 mars 2024

Loïc et le prince des ténèbres

 

 

 


C’est le cœur lourd que le comte Loïc quitta Locronan et son château.

Il embrassa fougueusement son épouse Héloïse, l’engagea à manier le fuseau en son absence, espérant la retrouver enceinte de ses œuvres à son retour.

Dame Héloïse répondit à ses baisers puis elle lui passa autour du cou un cœur de soie piqué de perles fait de ses belles mains pour rappeler à son seigneur qu’ils n’avaient qu’un cœur.

«  Je vous attendrai, mon ami et je prierai nuit et jour pour que votre voyage soit couronné de succès et que vous me reveniez plein de cet amour dont je ne trouverai jamais l’équivalent ».

Loïc répondit par un baiser qui se voulut empreint de désir et d’ardeur.

Le devoir lui ordonna de donner le signal du départ et son escorte se déplia en respectant la hiérarchie. Bientôt, la petite troupe disparut sur la ligne d’horizon.

Héloïse se mit au travail et commença le tissage d’une nappe qu’elle broderait pour célébrer le retour de son mari : on napperait la grande table de la salle à manger de cet ouvrage.

De son côté, la cheffe de cuisine, Bérengère, réunit tous les membres de ses brigades afin d’élaborer un menu inédit et somptueux pour célébrer la victoire de leur seigneur.

Loin de se douter de tous ces préparatifs festifs, Loïc et ses compagnons pensèrent au  terme d’une belle chevauchée, qu’un hébergement ou l’établissement d’un feu de camp étaient de mise.

Un château apparut à l’horizon.

Loïc prépara des cadeaux susceptibles de plaire, calices ornés de pierreries, bagues et linge de maison brodés.

En activant le heurtoir, il eut une hésitation : Qui pouvait vivre dans ce château ténébreux ?

La porte s’ouvrit ; un vieillard aux longs cheveux bouclés et argentés se tenait devant lui.

«  Soyez les bienvenus ! Donnez-vous la peine d’entrer » !

Loïc et ses compagnons traversèrent une suite de pièces avant de parvenir dans une grande salle éclairée par un feu de cheminée, des chandelles et des lustres.

Des serviteurs en livrée rouge et or débarrassèrent les hôtes de leurs pelisses, procédèrent à des ablutions à l’essence de rose puis ils se retirèrent.

L’homme qui les avait accueillis se présenta. Il était le majordome du seigneur de ces lieux, Ange d’Istanbul, «  Louis pour vous servir ajouta-t-il, une main sur le cœur. Le maître ne tardera pas car il aime toujours la compagnie ».

Une farandole de petits plats emporta les chevaliers dans un nirvana gastronomique. Chacun mémorisa un plat d’exception , tulipe feuilletée garnie de ris de veau sauce madère, pastilla aux pigeons et aux amandes, charlotte à la crème et à la violette.

Je demanderai quelques recettes pour les offrir à ma dame d’amour se promit Loïc. La douce évocation de son Héloïse se trouva altérée par l’irruption dans la salle d’un personnage inquiétant vêtu de noir, au regard de braise.

«  Ange d’Istanbul dit-il simplement mais on me surnomme aussi l’ Ange de la Terreur » et il se mit à rire de manière démoniaque.

«  Louis vous conduira à vos appartements précisa-t-il et demain nous ferons plus ample connaissance. J’aime la nuit pour chasser et débusquer le gibier qui se croit tranquille en son gîte ».

Le seigneur disparut en faisant sonner ses éperons tranchants.

«  Allons dormir dit Loïc à ses compagnons et demain nous aviserons sur la conduite à tenir » !

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