Poucette revint du lycée auréolée du succès obtenu à l’audition de la cassette audio Radio Marguerite. Ses camarades avaient apprécié la phrase du Général : « Les traités, c’est comme les jeunes filles et les roses, ça dure ce que ça dure » ! Toutefois, de beaux esprits firent remarquer que le général, fidèle à la vision de son âge, faisait porter la flétrissure du temps aux seules jeunes filles ; il aurait pu dire « la jeunesse » plutôt que les jeunes filles, associant ainsi les damoiseaux aux damoiselles : ta grand-mère n’a fait que rapporter un propos, on ne peut donc pas lui en vouloir et on la félicite d’avoir une mémoire qui nous aide à appréhender la compréhension d’un monde révolu.
Ces causeries sont très éloignées des « causeries au coin du feu » conçues par un président qui voulait faire oublier sa particule et son allure de marquis. Pour se montrer populaire, il jouait de l’accordéon et partageait le repas d’une famille sélectionnée par les services de l’Elysée. On peut juste conclure en disant qu’il est bien difficile et illusoire de masquer ses origines dit Laurence, leader incontestée du groupe de réflexion.
Choisis un thème, Mamie, je prépare l’audition dit Poucette et Mamie se prêta au jeu.
« Que souhaitez-vous transmettre aux jeunes générations ?
Je voudrais avant tout inviter les lycéens d’ Antoine Watteau à se défier des informations tronquées qui deviennent de facto mensongères.
Prenons l’exemple de ce que l’on nomme faits divers et qui sont en fait d’abominables crimes masqués.
Tout le monde a suivi avec angoisse la recherche d’un bambin de quatre ans mystérieusement disparu. Alors que le petit village était bouclé par la gendarmerie pour les besoins de l’enquête, des reporters furent dépêchés sur place. Pour répondre aux impératifs fixés par leur chaîne, les reporters brodaient autour de mille riens pour dire quelque chose. On alla même jusqu’à suggérer qu’un aigle avait pu fondre sur l’enfant et l’emporter dans ses griffes acérées !
La douche fut glacée lorsqu’une joggeuse découvrit le crâne du pauvre enfant !
Je comprends fort bien que la réserve soit de mise pour la bonne tenue d’une enquête mais de grâce, épargnez nous le spectacle désolant d’une enquête autour de l’enquête, transformant nos Sherlock Holmes de service en ridicules agitateurs brassant du vent et colportant des propos oiseux non maîtrisés.
Voilà mon conseil, chers ados : lisez une belle œuvre et coupez court à ces errements médiatiques en ne les suivant pas !
Merci Mamie Marguerite et comme on le disait jadis : à demain si vous le voulez bien » !
Poucette rangea son matériel, mit des valses viennoises sur le phono et Mamie se détendit en savourant un délicieux vol-au-vent de volaille.

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