Je me prénomme Emmanuelle mais tout le monde m’appelle Poucette parce que je ne suis pas grande même si je mange beaucoup de soupes, à la butternut, aux courgettes, en bouillons et en veloutés divers.
Mamie m’inquiète. Du haut de ses 80 ans bien sonnés, elle vitupère contre les journalistes qui escamotent, selon elle, les nouvelles du jour, mettant l’accent sur un fait anodin et ignorant une nouvelle qu’elle juge importante voire fondamentale.
Je crains qu’elle n’ait un AVC à force de s’agiter toute la journée, sa vue baisse, elle a de la peine à lire et se détend de moins en moins. Alors, pour elle, j’ai créé Radio Marguerite en m’inspirant de son prénom.
Avec des copines, au lycée, ai-je dit avec assurance, j’ai mis au point une série d’interviews dont tu seras la vedette. Ton prénom revient à la mode. Une héroïne prénommée Marguerite a empêché un violeur de commettre son forfait dans le métro à l’encontre d’une personne désemparée et désespérée. Elle est intervenue et a mis le criminel en fuite. Modeste, elle a refusé le titre d’héroïne en disant simplement qu’elle n’avait fait que son devoir.
L’un des personnages principaux d’un magnifique roman La maison vide de Laurent Mauvignier, Prix Goncourt 2025, se prénomme Marguerite et une fois le livre terminé, elle vit en nous tant son destin est prenant.
Je peux te l’assurer, Mamie, Radio Marguerite ne laissera personne indifférent. Je te laisse le choix de ton premier sujet.
Mamie réfléchit, remercia sa petite fille et pour la première fois depuis de longs jours, déclara qu’elle était apaisée et elle suivit le vol d’un rouge-gorge avec bonheur.
« J’y réfléchirai, ma chérie mais à présent, il vaut mieux que je m’étende et que je laisse les choses aller leur cours ».
Mamie se dirigea vers sa chambre, enveloppée dans le nirvana de ses chansons fétiches J’ai deux amours et Les roses blanches.
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