Aubépin, le prince aux fleurs
Au château de Beauregard, on attendait des nouvelles du
chevalier Florian, parti guerroyer aux côtés du roi, mais elles se firent de
plus en plus rares et brèves, ce qui ne manqua pas d’attrister sa belle épouse,
Ondine aux longs cheveux dorés.
Certes elle avait à ses côtés le plus beau et le plus
charmant des petits princes, Aubépin le bien nommé car son apparition dans le
parc du château faisait éclore des fleurs dont certaines étaient inconnues
jusqu’alors mais son époux lui manquait terriblement.
Au lendemain des fêtes données pour les cinq ans de son
fils, elle décida de partir à sa recherche, laissant son fils aux bons soins de
la famille réunie à Beauregard.
Aubépin grandissait en beauté et en charme. Il aimait les
contes et par la suite, il lut des poèmes avec bonheur.
Des traités concernant les fleurs étaient présents sur sa
table de chevet et il imagina des remèdes floraux capables de soulager certains
maux qui étaient laissés de côté par la médecine.
Un parchemin parvint enfin au château, émanant de la belle
Ondine : Florian était captif, ce qui expliquait son silence prolongé.
Ondine précisait qu’elle mettrait tout en œuvre pour le
délivrer, ce dont chacun fut reconnaissant et soulagé.
Elle embrassait son cher petit garçon, lui recommandant de
remplir les devoirs inhérents à sa condition.
Aubépin lui répondit dans une fort jolie lettre qu’il
grandissait en ayant à la mémoire la gentillesse de sa mère et qu’il s’appliquait
à devenir l’émule de son père dont on lui parlait avec tant de flamme.
Puis il revint à ses amours, les fleurs, et un jour, il vit
naître un hybride parfumé qu’il nomma Ondine en souvenir de sa mère.
C’était une fleur qui s’apparentait à la rose, l’orchidée et
qui possédait un parfum qui relevait de la vanille.
Il inventa un onguent qui pouvait à la fois soulager les
personnes atteintes de rhumatismes et de signes précurseurs de la vieillesse.
Puis il créa des préparations gourmandes qui donnaient un
piment délicat aux plats cuisinés et chacun prit l’habitude d’attendre la
prochaine invention de celui que l’on surnomma le prince aux fleurs.
Les jours s’écoulèrent paisiblement et enfin une escorte
apparut dans le lointain et l’on vit arriver avec joie le chevalier Florian et
sa belle épouse Ondine qui serrèrent leur fils dans leurs bras aimants.
La liesse fut totale et des fêtes se succédèrent pour
célébrer l’heureux événement.
Des volailles furent apprêtées dans un nappage de sauces
odorantes et elles prirent place sur les tablées festives dans des volutes de
fleurs.
Aubépin fut heureux de voir chacun savourer ses préparations
et il se jura de dédier sa vie aux fleurs car seules, elles avaient le pouvoir
d’offrir un supplément de bonheur à un monde un peu trop souvent tourné vers la
guerre, à son humble avis.
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