Sarabande du bonheur
Ménestrels, troubadours, jongleurs, poètes et danseurs se
succédaient à Beauregard pour que les festivités prévues pour les noces d’Aliénor
et de Guillaume trouvent tout leur éclat.
Les cuisines retentissaient de bruits prometteurs et les
parfums de diverses préparations savantes se répandaient au-delà des couloirs
rutilants.
Un poète trouva les mots qui allaient droit au cœur.
Il se nommait Cédric de Belletoise et portait bien son nom
car il avait la taille haute et élancée. Ses cheveux bouclés cascadaient sur
ses épaules, les nappant d’un ondoiement de la couleur des blés.
Tout en déclamant ses paroles qui étaient autant de
déclarations, il fixait souvent la belle Coraline dont tous les jeunes gens du
royaume étaient secrètement amoureux.
Coraline ne semblait pas insensible à la musique des mots
que le poète susurrait avec une infinie douceur :
« Dame d’amour, il se peut que n’explose mon cœur tant
il bat au rythme des mots fous qui me viennent à l’esprit lorsque je vous
regarde.
L’éclat de vos yeux illumine le jour et lui redonne une
nouvelle aurore avec la beauté d’une rose qui s’effeuillerait comme un éphémère
papillon d’amour.
Dame d’amour, je ne suis rien et pourtant il me semble que
je pourrais vous rendre heureuse tant les partitions de mon âme sont riches en
promesses des petits matins qui nous ouvrent les portes du bonheur.
Accordez moi votre main et je vous emmènerai danser, foi de
poète, sur le toit du monde où nous serons les rois ».
Cédric de Belletoise disparut alors de la salle dédiée au
spectacle et nul ne le revit, au grand désespoir de la jeune Coraline qui
sentait un brasier se consumer en elle.
Ces poètes sont surtout de beaux parleurs, chère sœur lui
glissa à l’oreille le prince Louis qui s’était aperçu de son désarroi.
Les festivités se poursuivirent et chacun en retira un grand
moment.
Les danseurs furent gâtés car les musiciens étaient
talentueux et infatigables.
Sarabandes et menuets se succédaient et la volte instaurait
une compétition pour les plus vigoureux tant cette danse requérait des qualités
sportives.
Lorsque la fête fut finie, chacun regagna sa chambre et la
belle Coraline put enfin verser les larmes qu’elle avait retenues pendant tous
les moments de bonheur dédiés aux jeunes mariés.
Or le lendemain, un équipage de bon aloi se présenta au
château, porteur de présents à l’adresse de la belle Coraline.
C’était une demande en mariage, en bonne et due forme du
prince Cédric de Belletoise qui avait préféré se présenter la veille sous les
traits d’un humble poète, riche de ses mots.
Son château et son terroir étaient de bonne tenue et ses
ancêtres s’étaient distingués au service du roi, ce qui constitua naturellement
un atout de valeur.
Coraline fut consultée et toute rougissante, elle accepta
les présents, des poulains d’allure vive et des coffrets de bijoux assortis à
des tissus précieux dont elle ferait les pièces principales de son trousseau.
Elle accepta donc que le prince vienne au château lui faire
la cour selon les critères du temps et le bonheur envahit son cœur au point que
les larmes jaillissent de ses beaux yeux mais cette fois, c’étaient des larmes
de bonheur.
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