Le roi des oiseaux
Confortablement installé sur son épais nuage blanc ourlé de
nacre et d’or, le roi des oiseaux contemplait le ciel, détectant çà et là le
passage de ses sujets.
Une nappe bleutée de palombes retint son attention :
les frimas étaient donc de retour et les humains souffriraient, partagés entre
le désir de faire de bonnes flambées, nuisibles à l’environnement et l’accoutumance
aux promenades à petites foulées, au risque de rencontrer un homme armé de
poignards à qui Dieu aurait enjoint de frapper les mécréants.
Loin de ces considérations, les palombes allaient de l’avant,
désireuses d’échapper aux chasseurs qui les traquaient à l’aide de filets ou
qui observaient leur vol du haut de leurs palombières. Ils utilisaient alors des appeaux pour les
contraindre à venir en surface herbue où il serait aisé de les truffer de
plombs.
Ensuite le tableau de chasse serait mis à la disposition des
cuisinières de la famille qui se chargeraient de les transformer en plats
savoureux, salmis de palombes ou confits délicieux.
Le roi des oiseaux décida d’envoyer un avertissement aux
palombes et il leur dépêcha des colombes qui auraient la mission de leur
ordonner, de la part de leur roi, de ne s’arrêter sous aucun prétexte en chemin
et de franchir la barrière des Pyrénées le plus rapidement possible.
Puis le roi reporta son attention sur d’autres paysages où
évoluaient des oiseaux solitaires et privés de soins élémentaires.
Il apparut en rêve à des enfants pour les sensibiliser à la
misère de la gent ailée, privée de soleil et de nourriture aisée.
Les enfants construisirent des abris pour les oiseaux de
leurs jardins et ils fabriquèrent des gourmandises à base de graisse piquée de
graines pour nourrir les déshérités.
Satisfait de cette performance, le roi des oiseaux put enfin
se préoccuper de son sort et il chercha une mésange ou une bergeronnette à la
beauté indéniable pour lui servir de compagne royale et cette recherche dura
suffisamment longtemps pour que le jour décline et lui intime l’ordre de se
pelotonner sur son nuage pour trouver le sommeil.
Le lendemain et les jours qui suivirent, le roi des oiseaux
fut aux abonnés absents car cette quête de l’idéale compagne devint sa tâche
première.
Si vous sortez dans les allées de votre jardin, je vous
invite à observer les oiseaux qui hantent vos bosquets de bambous ou d’autres
arbustes où se réfugient les habitants ailés : vous en trouverez qui
deviendront vos amis !
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